Interview
Mathieu Bodmer, 15 ans de passion
Saison 2000 / 2001. Division 2. Alors qu'il est tout juste âgé de 17 ans, un jeune joueur du centre de formation caennais effectue ses débuts en équipe première : Mathieu Bodmer. Arrivé à 14 ans au centre du SMC, le milieu de terrain y fait toutes ses classes, et évolue 3 saisons avec le groupe fanion, avant de prendre son envol pour Lille, Lyon, Paris, St Etienne. De connaître des titres de champion, des Coupes d'Europe, et de s'engager au Gym la saison dernière. A l'occasion de la réception de son club formateur, celui qui a désormais reculé d'un cran sur le pré pour s'imposer dans l'axe de la défense azuréenne, accepte de faire un bond de 15 ans en arrière, et d'évoquer une passion qui n'a pas pris une ride.
Mathieu, quel effet cela te fait de rencontrer ton club formateur ?
C'est toujours spécial. Maintenant, ça fait un moment que je suis parti, les années ont passé. Mais j'aime toujours jouer contre Caen, a fortiori lorsqu'on se déplace là-bas, même si ce ne sera pas le cas ce week-end. Quand je vois les gens qui sont toujours au club, la ville, ce sont toujours de bons souvenirs, car j'y ai passé six belles années, entre le centre et les pro. Dans l'effectif actuel, il ne reste que Nicolas Seube que j'ai pu côtoyer à l'époque. Ça ne nous rajeunit pas...
Tu as laissé ton empreinte à Malherbe, puisque tu fais également partie de l'équipe des légendes du club...
C'est bien, surtout que je n'y ai joué qu'en L2. J'ai reçu ce livre qui retraçait l'histoire du club et j'étais content, surtout que Bernard Mendy, qui est comme mon frère, figure également dans cette équipe, alors que lui n'a joué qu'une saison de L2. On est très heureux d'y être, car le SMC est un club familial qui est venu nous chercher quand on était à Evreux. Qui nous a fait devenir des joueurs pro, des hommes. Il y a pas mal de souvenirs qui restent.
Quand tu as débuté en pro, quelle vision avais-tu du foot ?
La même que celle que j'ai aujourd'hui : celle d'un passionné. A l'époque, je n'avais qu'une envie : jouer au foot. C'est pareil aujourd'hui. Quand j'ai démarré, Caen avait une philosophie qui me plaisait, basée autour du jeu, et pas seulement axée sur le physique. C'était la technique avant tout, ça me correspondait.
Des valeurs que, 15 ans plus tard, tu peux retrouver au Gym.
C'est ça. Nous n'avons pas trop le choix, car le groupe possède beaucoup de joueurs de taille moyenne, voire petits, qui sont très vifs, techniques, et apportent du mouvement. Même s'il peut nous arriver d'être en difficulté face à des équipes qui misent tout sur le physique - notamment sur les coups de pied arrêtés -, ça ressemble un peu à mon état d'esprit et à ma façon de jouer.
Malgré une saison en dents de scie, êtes-vous, selon toi, restés fidèles à ces principes de jeu ?
Je prends vraiment du plaisir, même si les résultats ne sont pas toujours là. Le week-end dernier, j'ai parlé avec deux ou trois joueurs de Rennes qui m'ont dit qu'on jouait bien et qu'on ne méritait pas notre place. Maintenant, la difficulté du foot, c'est l'efficacité. C'est important de bien jouer, mais pour prendre des points, il faut marquer des buts et ne pas en encaisser. Ce sont les paliers qu'il nous reste à franchir.
Au bout de 15 ans de carrière, l'amour du métier ne risque-t-il pas de s'estomper ?
Franchement, non. Je prends autant de plaisir à jouer en L1 qu'avec mes fils ou mes amis dans mon quartier. Il n'y a pas de différence, dès qu'il y a un ballon, je m'amuse. Je fais ça depuis que je suis né, c'est une passion, et ça le restera jusqu'à la fin de ma vie. C'est comme ça. Des fois, quand je suis chez moi, ma femme en a même marre car je suis capable de « me farcir » 5 ou 6 matches dans la journée...
Y compris des matchs amateurs ?
J'ai été président d'Evreux pendant 4 ans, donc oui, j'essaie de suivre ce qui se fait dans le monde amateur, du moins dans ma région d'origine. Il faut demander à Didier (Digard), chaque fois il me charrie en disant que je connais tous les joueurs de Normandie, ce qui est vrai aussi. J'ai un peu lâché en quittant Evreux il y a deux ans, mais je suis toujours l'EFC 27 et la DH normande.
C.D.
Photos : SMCaen.fr