Honneur aux pichouï
Avec les salutations d’Hugo Lloris
Impossible de mettre à l’honneur les joueurs formés au club sans penser à Hugo Lloris. Alors, pour donner corps à nos pensées, un petit coup de fil transatlantique s’imposait. Avant Nice – Strasbourg, le pichoun du centre, devenu un monument du foot mondial, a décroché avec plaisir, en direct de Los Angeles. Il a adressé ses salutations aux Niçois et prodigué quelques conseils aux générations de demain.
Hugo, aujourd'hui, qu'est-ce que le Gym représente pour toi ?
C'est difficile de résumer en un seul mot. Mais voilà, lorsqu'on parle de club de cœur, ça résume un petit peu la place qu'a le Gym dans ma vie, dans ma carrière. J'ai porté les couleurs rouge et noir de mes 10 ans jusqu'à mes 21 ans. Mon premier match ? Alors là, je ne pourrais pas te dire… Mais c'était en benjamin 2ème année. Je me souviens du maillot rouge et noir. C'était Adidas à l'époque, bien large…
Et qu’est-ce qu’il représentait quand tu étais petit ?
C'était le club de la ville. Je n'étais pas très ouvert sur le football européen ou l'équipe de France. Mais les pros de Nice - on les croisait souvent le mercredi, à Charles-Ehrmann -, on les voyait comme des vedettes. Je ne veux pas dire de bêtises, mais quand j'arrivais ma première année, le club était encore en D1. Dans la foulée, il descend, mais même en deuxième division, tu avais Pablito Rodríguez, la vedette, Dominique Aulanier. Tu peux toujours te dire avec du recul : « C’étaient des joueurs en deuxième division ». Mais c'étaient les joueurs phares de la ville. Ils représentaient beaucoup. Un peu plus tard, quand ils sont remontés en Ligue 1, à l'époque de Gernot Rohr, tu avais José Cobos, Noé Pamarot, Cédric Varrault… Ces joueurs-là, ils ont eu une place importante dans la ville de Nice. Pour nous, les jeunes, c'était une source d'inspiration.
Est-ce que tu as un souvenir plus marquant peut-être qu'un autre de ton passage au centre ?
Le meilleur souvenir que j'ai, c'est le titre de champion de France des 18 ans, avec Alain Wathelet, parce que c'était vraiment un aboutissement, la consécration d'une génération de joueurs, la génération 1985. Moi, je suis 86. Il y en avait quelques-uns aussi qui étaient avec eux. On gagne le titre de champion de France en finale contre le Lyon de Ben Arfa, entre autres. On fait une saison où on a été invaincus. On était une bande de copains au sein de la formation de l’OGC Nice, des garçons très talentueux.
Tu es allé jusqu’au toit du monde dans ta carrière de joueur. Est-ce que tes années à la formation t’ont toujours accompagné ?
Oui, car je reste un Niçois. C'est dans mes racines et ça, ça ne changera jamais. C'est comme ça que je me suis construit. Bien sûr, par la suite, je me suis adapté à d'autres environnements, à d'autres cultures. D'ailleurs, ça m'a permis d'évoluer en tant qu'homme, en tant qu'athlète. Mais je reste quand même très Niçois et très attaché aux valeurs du club et de la ville.
Quel message pourrais-tu adresser aux jeunes Aiglons qui sont au centre de formation ?
Je leur dis de faire les choses dans l'ordre. Déjà, d'être bien concentré sur son travail au quotidien, d’être concentré sur le moment présent, de ne pas penser trop loin. Je n'étais pas forcément quelqu'un de patient à l'époque, mais j'étais concentré sur le moment présent. C'est comme ça qu'on se donne le plus de chances de réussir. Aujourd'hui, quand on est confronté à des difficultés, on veut tout de suite aller voir ailleurs. Alors qu'en fait non, il faut faire face à ces difficultés. C'est ce qui te rend plus fort et c'est la manière de prouver aux autres que tu as ta place et que tu peux réussir dans ton club. Nice est également un club qui a des fortes valeurs. C’est important pour les joueurs, surtout les jeunes, de s'identifier à ces valeurs-là. C'est quand même une belle institution, un club qui a progressé. Il y a un super centre de formation, un stade magnifique, une équipe qui arrive à se qualifier pour des compétitions européennes, avec des internationaux, y compris français. Il y a tout et ce serait dommage de ne pas se donner toutes les chances pour réussir parce qu'on se rajoute des difficultés. C'est assez dur comme ça.
Est-ce que tu as un mot pour les supporters avant Nice – Strasbourg ?
J’aime toujours les remercier pour leur passion, leur soutien. Je pense qu'à Nice, il y a toujours un grand public, l'un des publics les plus importants du Championnat de France. Le club aura toujours autant besoin de ses supporters pour continuer à progresser et remplir ses objectifs. Quand je regarde les résumés, je tends toujours l'oreille pour les entendre chanter…
Propos recueillis par Benjamin Brudno