Interview
Gastien : « Le barrage, Bianchi, la DNCG,… »
Ce dimanche, l’OGC Nice retrouve la L1 sur la pelouse de Clermont (coup d’envoi à 17h). Sur le banc adverse prendra place Pascal Gastien, entraîneur expérimenté… et ancien milieu de terrain du Gym dans les années 90. Avant les retrouvailles, il a accepté de revenir sur sa période en rouge et noir, volcanique et chaotique.
« Sur le terrain, c’était un papillon »
Ouvrir le grand livre du Gym au chapitre des 90’s, c’est se plonger dans un univers chamboulé, paradoxal, renversé et renversant. Un monde où les profondeurs s’achèvent par un sommet, où un barrage soulève un raz-de-marée, où les comptes dévastent les cœurs.
Au moment de revenir 3 décennies en arrière, Pascal Gastien n’a rien oublié : « Il y a eu du bon, du moins bon. Mes années à Nice sont assez mitigées. » Au contraire de la marque qu’il a laissée dans l’esprit de tous ceux qui l’ont croisé, Jean-Phi’ Mattio en tête. « Pascal, c’est un super mec, souffle son coéquipier de l’époque, avec qui les contacts sont toujours présents, malgré les années. Il arrivait du Marseille de Bernard Tapie, mais il s’est tout de suite mis au service de l’équipe, avec humilité et simplicité. Humainement, il est top. Et sur le terrain, c’était un papillon… Un joueur avec du volume qui a amené de l’enthousiasme, technique, capable de mettre le pinceau quand il fallait. En 6 ou en 8, il a donné du liant. Il était partout et me faisait un peu penser à Daniel Bravo quand il a reculé. » « Pascal Gastien nous a rendu des services extraordinaires, aux côtés de Rohr et Mazzuchetti, explique pour sa part Carlos Bianchi, son entraîneur de l’époque. Avec lui, on a trouvé le milieu de terrain qu'il fallait. Il faisait beaucoup d'efforts physiques, une récupération incroyable. Il nous a amené l'équilibre au milieu. Pascal, c'était fondamental. »
« Nous avons dû nous rendre devant la DNCG avec René Marsiglia »
Pascal Gastien débarque au sein d'un OGC Nice bien mal en point, en tant que joker, en novembre 1989. Expérimenté, il rejoint le club à 26 ans, en provenance de Niort - où il a écrit l’essentiel de son parcours - après une saison à Marseille où il a réalisé le doublé coupe-championnat (1988-89). Quand il enfile le maillot frappé de l’Aigle pour la première fois, le 25 novembre 1989, le groupe rouge et noir se mesure à l’AJA de Boli, Scifo et (Pascal) Vahirua, cousin de Marama. Se mesure et se neutralise (1-1, but de Rohr et Cocard). S’en suit une saison de lutte et de tension, ponctuée par une double confrontation face à Strasbourg, dont le vainqueur se sauvera ou montera dans l’élite.
« C’est un des grands moments de ma carrière, se souvient Gastien, titulaire à la Meinau comme au Ray. Ce barrage était épique et ce match retour, remporté 6-0, incroyable. Derrière, on enchaîne sur une bonne saison en 1ère division (achevée à la 14ème place) à l’issue de laquelle le club dépose le bilan… » Le moment où le soleil cède sa place aux nuages. « Nous, joueurs, avons subi la très mauvaise gestion du club. Nous n’avons pas été payés pendant 6 mois. Au moment où le club dépose le bilan, il n’y a plus personne à sa tête. Nous avons dû nous rendre devant la DNCG avec René Marsiglia pour tenter de sauver ce qui pouvait l’être. Peine perdue. On a été relégués alors que sportivement, on était bons. C’était dur à avaler. »
« L’évolution du Gym me fait plaisir »
Malgré la descente, le milieu de terrain, qui vit à Saint-Paul de Vence, « dans un cadre extraordinaire », poursuit son aventure en D2, avant de quitter le navire rouge et noir en 1993, après 71 matchs, 1 but et un tas de rencontres, dont une l’ayant profondément marqué : « Celle avec Carlos Bianchi. J’ai commencé à passer mes diplômes à 20 ans, et à Nice, je pensais déjà à l’après. Avec Carlos Bianchi, on a gardé le contact, il m’a accueilli dans le cadre de mon stage pour le BEPF en Argentine. C’est lui, en partie, qui m’a donné goût au métier d’entraîneur. » « Un métier fait pour lui, appuie Mattio. Ce qui me plaît, en plus, c’est qu’il fait toujours jouer ses équipes. C’était le cas en L2 avec Clermont, et cette année, c’est pareil en L1. »
Un métier que Gastien a exercé à Niort, Châteauroux – où il a également joué - puis à Clermont depuis 2017, « sans jamais croiser la route de l’OGC Nice, dont je continue à suivre les performances avec un œil attentif, comme je le fais avec mes anciens clubs. Dimanche, ce sera une première. » Première individuelle mais aussi collective à ce niveau, puisque Clermont a accédé à l’élite cet été pour la première fois de son histoire. Cette perspective dominicale, lorsque le regard du coach embrasse celui de l’ancien, trouve une résonnance particulière. « Quand je vois l’évolution du club et les investisseurs qui sont derrière, ça me fait plaisir. Tant mieux pour l’OGC Nice, pour les salariés, pour les supporters. Nice est vraiment sur un beau projet, un grand projet, la ville le mérite car le potentiel est énorme. L’équipe actuelle ? Elle m’inspire le respect. Elle est bonne, voire très bonne. Pour moi, elle fait partie des 4 ou 5 meilleures du championnat. Elle aurait dû gagner contre Montpellier. Il y a du jeu, de la rigueur, des joueurs. Tous les ingrédients pour être en haut… »
C.D.