Interview
Andy lance le derby
Pur produit de Nice, Andy Pelmard est le candidat idéal pour lancer un match à Marseille. Avant cette mise à jour du calendrier, prévue mercredi à 21h, le défenseur aurait pu le faire « au métier », avec son sourire habituel mais sans trop se mouiller. Ses derbies, ses erreurs, son retour, son évolution : à 20 ans, l’international espoirs a préféré se jeter à l’eau, troquant « le métier » contre un franc-parler qui colle plus à sa personnalité.
Andy, que retenir, à froid, de ce match de Paris ?
Avec un peu de recul, je pense qu’il y a du mieux dans notre prestation, même si on ne peut pas se satisfaire d’une défaite, surtout au vu de notre classement actuel. Il y a quand même eu des bonnes choses qu’il faudra refaire dans un futur très proche.
On t’a vu livrer un gros duel à Kylian Mbappé...
Face à un tel adversaire, c’est difficile de dicter le jeu. C’est un attaquant qui sait ce qu’il fait et qui est en confiance. C’était à moi de suivre. A la course, au duel, j’ai essayé de lui fermer le jeu et d’être présent. J’ai dû être plus pointilleux sur certains détails, mais j’ai abordé le match comme tous les autres, même si j’évolue désormais dans un registre différent. J’essaie de faire ce que je peux pour aider l’équipe. Ce que je veux avant tout, c’est être efficace.
On t’a connu dans l’axe, à gauche, mais rarement à droite. Comment te sens-tu à ce poste ?
A l’aller contre Paris, j’avais déjà basculé à droite pendant le match en deuxième mi-temps. Ce n’est pas mon poste de prédilection mais ma polyvalence me permet de jouer aujourd’hui. Je ne peux qu’en être fier. Evoluer à droite ou dans l’axe, ça se ressemble, il y a juste les aspects physiques et les efforts qui ne sont pas les mêmes. Après, dans mon registre, partir à droite est un peu différent, car le coach demande que je resserre quand on attaque, pas que je monte comme Youcef ou Jordan, même si dans l’absolu, ça me plaît bien. Donc au final, ce rôle est proche de celui que je peux tenir dans l’axe.
Quelle impression te laisse ta première partie de saison sur le plan individuel ?
J’ai fait de bonnes choses et d’autres moins bonnes. Ce que je dis est large, mais ça décrit bien mon sentiment. L’impression que je garde, c’est que j’ai encore beaucoup à apprendre, ce qui est logique car je suis encore jeune. J’essaie de le faire au quotidien. Même quand j’étais hors du terrain, je tentais de voir ce que je pouvais tirer de cette période. Faire des erreurs n’est pas agréable, mais il faut passer par là pour ne plus en faire. Au final, c’est un mal pour un bien.
« Avant je me considérais comme un relanceur, maintenant, je suis un défenseur »
Comment as-tu surmonté cette période ?
Quand tu es dedans, soit tu en veux à la terre entière, tu te dis que tu n’y es pour rien, que ce qui t’arrive n’est pas juste ; soit tu te ressaisis, tu écoutes, tu te mets un peu à la place du coach et tu essaies de comprendre quoi faire pour répondre à ses attentes. Même si ce n’était pas facile, j’ai choisi la seconde option. Donc au final, cette première partie de saison est plus positive que négative. Maintenant, il reste encore beaucoup à faire.
Est-ce que tu as douté de toi ?
Je ne sais pas tout, mais je n’ai pas douté de moi-même, car je ne suis pas arrivé ici par hasard. Par contre je savais que j’avais des choses à travailler pour pouvoir revenir sur le terrain et répondre aux exigences du coach.
Lesquelles ?
Dans mon cas, c’est plus une affaire d’attitude. Je suis d’un naturel sympathique, j’ai dû travailler sur la méchanceté, l’agressivité. En ce moment, je ne me sens pas différent, mais je privilégie d’autres aspects de mon jeu que je considérais comme secondaires avant.
Peux-tu développer ?
Avant, je me considérais comme un relanceur. Maintenant, je suis plus un défenseur. Ce sont ces choses-là qui tapent dans l’oeil du coach. Il préfère avoir un vrai défenseur sur lequel s’appuyer plutôt qu’avoir quelqu’un de technique en qui il n’a pas complètement confiance. Je prends beaucoup de plaisir avec le ballon, il faut aussi que j’apprenne à en avoir sans, au moment de le récupérer. J’ai juste changé ça dans ma tête, ce n’est pas forcément une chose que j’ai travaillée car les duels, les contacts, la phase défensive, je connais. C’est juste une évolution de mentalité.
« Ce pénalty, il me trotte dans la tête »
Sur le plan sportif, Marseille – Nice, ça évoque quoi pour toi ?
Déjà, il faut gagner ce match, comme on doit gagner les autres. Ensuite, il faut le gagner parce que c’est un derby. Et pour moi, il y a un truc personnel en plus, car je sais que le denier derby que j’ai joué, j’ai provoqué un pénalty à la fin (à la 73’ d’une rencontre perdue 2-1 par le Gym à l’Allianz Riviera, le 28 août 2019, ndlr). Il faut que je me rachète de cette faute.
Ce pénalty te trotte encore dans un coin de la tête ?
Oui. Même si je retiens surtout la défaite, c’était un de mes premiers matchs et franchement, j’étais malheureux après ce pénalty. Ce n’était pas volontaire, c’était une erreur. Pas une erreur de jeunesse mais une erreur tout court. Et ça me trotte dans la tête, parce que c’est toujours triste de perdre un match aussi important de cette façon.
Quels souvenirs gardes-tu des Marseille – Nice que tu as joués en jeunes ?
Mon premier match au centre de formation, c’était un Marseille – Nice, et j’avais joué latéral gauche. En pro, mon premier Nice – Marseille, c’était aussi latéral gauche. En formation ou en préfo’, l’OM, on a l’habitude de les jouer. D’ailleurs en U15, le premier match que j’ai joué en tant que défenseur central, c’était aussi contre Marseille. Avant ça, j’étais attaquant et le coach Bistarelli avait tenté un pari. Au final, ça s’était bien passé.
« Il va falloir être au-dessus dans la mentalité »
Qu’est-ce qui change en pro ?
C’est une autre dimension, un autre engouement. En ce moment, la pandémie complique tout, surtout au niveau des supporters, mais un derby attire tout le temps du monde. Tout le monde a envie de voir ça et j’espère qu’on pourra rendre les Niçois heureux, même devant leur écran.
Quelles seront les clefs du match pour aller chercher quelque chose là-bas ?
Il va falloir continuer ce qu’on fait, je pense que ça ne peut qu’être mieux car nous sommes sur une bonne dynamique, malgré la défaite à Paris. En face, il y a des bons joueurs, ça va répondre présent. Le contexte est spécial, il va falloir être au-dessus d’eux dans la mentalité. Tout part de là.
Le Gym n’a pas gagné à Marseille depuis novembre 2015 (1-0, but de Germain). En tant que Niçois, ça te fait quelque chose ?
Oui. Parce qu’en plus, je me rappelle du tout dernier Marseille – Nice. J’étais sur le banc, c’était un match compliqué à encaisser, surtout après le but de quelqu'un qui était ici (défaite 1-0, but de Mario Balotelli, le 10 mars 2019). Sur ce plan aussi, il y a une revanche à prendre.
C.D.