Vu de l'étranger
Mounier : « Depuis que ça s’est durci... »
Sa famille est en France, il est passé par l’Italie et, actuellement, il se trouve confiné chez lui, en Grèce, dans un pays qui ne jure que par le soleil, les contacts et la vie. Ancien maillon fort des Aiglons, de 2009 à 2012 (107 matchs, 17 buts et 20 passes décisives), Anthony Mounier demeure un témoin privilégié d’une situation inédite. Aussi réactif que sur le terrain, le milieu offensif, qui évolue désormais au Panetolikos, a décroché son téléphone pour nous donner de ses nouvelles.
La Grèce ET L'ITALIE
« En Grèce, les mesures ont été prises avant qu’elles ne le soient en France. A partir du 10 mars, les écoles et les facs étaient fermées. Le 13 à minuit, ça a été au tour des commerces qui ne sont pas "vitaux" pour le fonctionnement du pays. Maintenant, seuls les supermarchés et les pharmacies restent ouverts. Ici, c’est la Méditerranée, les gens ne sont pas habitués à rester chez eux. Au début, comme en France, ils ont cru que c’était des vacances… J’ai vu des personnes qui n’avaient jamais fait un footing tenter de devenir recordmen du 100 mètres. Les populations « à risque » se promenaient sur le bord de mer, calmement. J’ai même vu une dame boire son café avec sa cigarette, son masque et ses gants. Non mais tu t’imagines la scène ? Tout ferme et elle s’installe au café, par habitude. En Grèce, désormais, tu reçois une amende de 150€ si tu sors pour rien. Ils ont dit aux infos que l’État avait récolté 2 millions en peu de temps… Depuis que ça s’est durci, les gens commencent à respecter, il n’y a pas de secret. Ce n’est pas facile pour tout le monde, surtout si tu vis dans un appartement avec les enfants, mais la situation est urgente. Il fallait que chacun en prenne conscience.
Auparavant, j’ai joué à Bologne et... à Bergame, qui est la ville la plus touchée au monde. Ça fait des semaines et des semaines que les gens sont enfermés chez eux. Je parle avec mes anciens coéquipiers, même les courses, désormais, ils se les font livrer. La ville ne s’en sort pas, c’est terrible ».
La France
« Quand tu as toute ta famille en France, que tu regardes ça de loin, et que tu suis beaucoup les infos, forcément tu t'inquiètes. C'est dur pour tout le monde, surtout pour les malades et les gens qui sont en première ligne, comme les médecins ou ceux qui travaillent dans les hôpitaux. Même en ce moment, j’ai l’impression qu’il y a encore une marge pour éventuellement durcir les mesures... J’espère vraiment que tout le monde va en prendre conscience et que les Français vont rester chez eux pour que cette mauvaise période passe ».
Sa situation sportive
« Notre dernier match remonte ou 1er ou au 2 mars. La saison régulière est finie, on devait commencer les play out le 15. Le principe : alors que les 6 premiers jouent les play off, du 7e au 14, ça joue pour savoir qui descend. A l’issue d'un mini-championnat de 7 matchs, le dernier descend et l’avant dernier dispute un barrage contre le 2e de D2. Il nous reste donc 7 rencontres et la reprise du championnat est prévue mi-mai, ce qui ferait finir mi-juin. Comme Pâques va arriver et que c’est une fête très importante en Grèce, je pense que le confinement va s’étirer un peu. En attendant, je m'entraîne à la maison et je suis le programme que le club nous a envoyé. J'avais investi il y a quelque temps dans du matériel de sport, donc j'arrive à travailler dans de bonnes conditions.
Le Panetolikos, que j’ai rejoint en janvier, se trouve à Agrinion, à 3 heures d’Athènes. C’était un choix important pour ma carrière, je devais y aller. Ma femme et mes enfants sont restés à Athènes et là, je suis revenu pour être avec eux. J’apprécie encore plus le moment. Dans cette situation compliquée, il faut positiver, on se retrouve en famille, on se recentre sur les choses simples.
Mon aventure au Pana' ne s’est pas très bien terminée. La première saison était bonne, après je me suis blessé, il y a eu une erreur de diagnostic et j’ai mis du temps pour revenir. Depuis janvier 2019, je suis en pleine forme mais le club m’a fait comprendre qu’il fallait que je parte. J’ai attendu pour voir si la situation allait s’améliorer, ça n’a pas été le cas. La vie en Grèce me plaît bien mais je voulais jouer, donc j’ai dû prendre une décision en décembre : j’ai résilié et signé 6 mois dans un petit club très familial et très bien. Pour la suite, on verra cet été, quand je serai libre. J’espère jouer le plus longtemps possible. Physiquement, je me sens mieux à 32 ans que quand j’en avais 28… Quand tu passes la trentaine, le plus dur est de s’arrêter, c’est pour ça que je ne le fais pas et que je continue à travailler. Je peux jouer encore 4 ou 5 ans à un haut niveau. Je prendrai les décisions qu’il faut au moment venu, en pensant aussi et surtout à ma famille.
Nice
J’ai toujours ma maison à Nice. Je suis repassé en décembre mais malheureusement, il pleuvait des cordes. Boul’ (Philippe Boulon, kiné du club) m’a ouvert, j’ai pu visiter le nouveau centre. Quand tu as des vestiaires et des installations comme ça, c’est la folie, le bonheur. Dans ces conditions, moi je joue jusqu’à 50 ans (il se marre). Ça change de mon époque à Charles-Ehrmann. Mais bon, franchement, je ne garde que des bons souvenirs de Nice, des entraînements, de Georges qui était toujours là et qui est mon idole, du Ray… Je reviens toujours avec beaucoup de plaisir ! »