Interview

Le Marchand, pas à pas

Il fut le seul nuage d'une fin de saison splendide. Victime d'une rupture d'un des ligaments croisés face du genou droit face à St-Etienne (le 7 mai dernier), Maxime Le Marchand a subi la plus lourde blessure de sa carrière au moment où le Gym poinçonnait son ticket pour l'Europa League. Sombre paradoxe. En costaud, le grand Max a subi le choc et relevé la tête. Son regard bien droit. Revenu sur le terrain pour reprendre la course, le défenseur central construit son retour pas à pas. Une semaine après ses premières foulées, il se livre avec humilité.

« Je sais qu'il faut passer par là »

Maxime, à quel stade de ta rééducation en es-tu ?
Je suis au club depuis 3 semaines déjà, j'étais au CERS avant de rentrer. Ça évolue vraiment bien. J'ai des grosses journées, je travaille du matin jusqu'au soir. Je suis assez content car je vois qu'il y a des progrès au niveau de mon genou. Il y a moins de lourdeurs, je reprends un peu de muscle. Et forcément, le mental suit, parce que quand le genou va mieux, la tête aussi.

Remettre la tenue, refouler le terrain. Les petits détails font-ils du bien ?
C'est sûr que ça fait plaisir. Rien que le fait de recourir autour du terrain et d'avoir un oeil sur l'entraînement des copains, c'est quelque chose de bon. Chaque étape est importante.

Quel a été ton programme depuis le match contre St-Etienne ?
J'ai effectué un peu de kiné avant de me faire opérer, parce que le genou souffre d'un gros traumatisme et la jambe se raidit. C'était déjà du préventif, histoire de retrouver des amplitudes et d'aider pour la suite. Après j'ai eu l'opération, puis j'ai fait de la kiné en ville, avant d'intégrer le CERS à St-Raphaël, où j'ai plus bossé musculairement. Maintenant, je suis revenu. Ma journée classique, c'est de 8h30 à 19h : soins, musculation, course, vélo... tout un programme assez chargé.

Eprouves-tu tout de même une forme de plaisir avec ce programme ?
Bien sûr. Après, il y a des soirs où je suis fatigué, où c'est dur. Je n'ai pas eu de vacances. Des fois, c'est plus difficile quand on a envie de se reposer. Mais je sais qu'il faut passer par là. C'est une étape importante.

Penses-tu encore à ce match de St-Etienne ?
J'ai eu énormément de soutien du staff, du club, des joueurs, des supporters. Ce soir-là était fantastique pour tout le monde. J'étais content pour l'équipe car ça validait la saison. Mais quand je suis rentré chez moi, c'était un cauchemar. Tout ce qu'il ne fallait pas. J'étais dans le trou. C'est comme ça. Maintenant, il faut passer à autre chose.

Ta perception du métier a-t-elle changé ?
Avant cela, j'avais été arrêté au maximum 3 mois, ce qui passe assez vite. Logiquement, tu prends les choses différemment quand tu t'aperçois qu'en un instant, tout peut se stopper à cause d'une blessure. Ton regard devient plus extérieur. Tu es toujours sous contrat, mais tu ne fais plus les entraînements ni les matchs. Tu vis moins avec le groupe, crées moins d'affinités. Il faut rester costaud mentalement pour se dire qu'un jour, on va faire son retour et être de nouveau important. Je sais que dans une carrière, il y a des blessures. Je le vis en ce moment. L'essentiel, c'est de bien revenir. Je travaille pour ça.

« Le coach m'a dit d'avoir du courage et de la patience »

Même si c'est un coup dur, cette blessure n'efface pas ta très belle première saison niçoise...
Elle n'efface rien. Quand je repense à la saison dernière, que ce soit collectivement ou sur un plan plus personnel, je me dis que c'était vraiment bien. Ce n'est pas souvent que l'on vit des moments comme ça. Ce n'était que du bonheur. Je découvrais la L1 et j'ai adoré. Avec un peu de recul, je suis assez content et assez fier.

Désormais, au moment où tu reviendras, tu auras l'expérience de la L1 et d'une grave blessure.
C'est ça. Je vais aussi découvrir un nouveau coach et une nouvelle équipe sur le terrain, même si je les connais en-dehors. Je vais pouvoir, j'espère, m'adapter rapidement grâce à la double expérience accumulée.

Comment as-tu vécu tous les changements intervenus cet été ?
J'ai suivi ça de loin, car j'étais à St-Raphaël. Après, j'en ai rencontré certains coéquipiers et discuté avec le coach. Il a été très correct, m'a dit d'avoir du courage et de la patience car il ne m'oubliait pas. J'ai aimé son discours. J'avais vraiment le sentiment d'être concerné même si j'étais blessé. Il me demande souvent des nouvelles et sait que je travaille avec les kinés et le doc pour revenir en forme. Au niveau du terrain, on a perdu des titulaires, c'est aux nouveaux de les remplacer et je ne doute pas que ça va très bien se passer. On a fait un meilleur début de championnat que la saison passée. En espérant que ça continue et que les joueurs qui arrivent s'adaptent encore mieux.

Faire face à la concurrence, c'est un beau défi quand on est un compétiteur...
C'est très bien pour le club et pour tout le monde. Dante est arrivé et joue à mon poste, il y aussi Malang (Sarr) et Olivier (Boscagli) qui sont des défenseurs gauchers. Il y a de la concurrence, je sais que je vais devoir retrouver ma place. Ça va pousser tout le monde à être encore meilleur. J'ai envie de revenir, je vais vraiment me préparer pour être performant et continuer à apprendre, y compris avec Dante, un joueur d'expérience. J'ai simplement hâte de retrouver le terrain.

Quelles impressions te laisse le début de championnat du groupe ?
J'ai vu des choses différentes avec le coach Favre, ça fonctionne aussi très bien. On est en place, très solide défensivement ; il y a beaucoup d'efforts fournis et physiquement, ça se sent que l'équipe est très bien. On a su prendre des points en étant confronté à différents scénarios. C'est peut-être ça qui,  la saison passée, nous faisait défaut. Face à Rennes, il nous est arrivé de souffrir mais on a su tenir et marquer sans avoir énormément d'occasions. On en a plus eu à Angers, essentiellement sur des contres. Nous avons su nous adapter à chaque match. Lille était athlétique, nous avons bien tenu, leur but était même hors-jeu... Je trouve que c'est bien. J'ai vu des nouvelles choses, y compris sur les aspects défensifs. Ça fonctionne.

Quels sont les objectifs que tu te fixes à court terme ?
J'en ai plusieurs. Reprendre du muscle, donner à mon genou de la stabilité, retoucher un peu de ballon, retrouver les appuis, avoir de bonnes sensations... Et forcément reprendre les entraînements. Quand ce sera le cas, on verra comment je me sens pour pouvoir prétendre à un match. Mais je ne me projette pas trop sur le long terme, j'aborde les étapes petit à petit.

C.D.