Hommage

Lettre de Pablito à Pancho

Joueur, entraîneur, membre du staff. Glorieux ancien. Pancho Gonzalez a tout connu au Gym. Son Gym. Toujours au centre du jeu, quelle que soit l'époque, l'homme laisse derrière lui un grand vide. Touché par la disparition « du capitaine de l'histoire », Pablito Rodriguez, l'artiste du Ray, a tenu a prendre la plume de son Argentine natale, pour une poignante lettre ouverte.

 

« Buenos Aires, le 6 Mars 2016,

Un Grand

La première fois que je suis arrivé à l'aéroport de Nice il m'attendait personnellement.

Il m'a regardé et m'a dit : « Qu'est ce que tu fais Pibe ? (gamin, comme on dit en Argentine) ». Je lui ai répondu avec un sourire.

« Bienvenue dans la plus belle ville et le meilleur club du monde » me dit-il.

Je suis monté dans sa voiture et en écoutant quelques tangos en fond sonore, il me dit : « Que mon club revienne en 1ère division ». Je lui ai tendu la main en signe de promesse.

Sincèrement, il m'a énormément aidé sur et en-dehors du terrain, avec l'humilité des grands.

Il m'a ouvert les portes de sa maison, m'a présenté sa femme, son fils et sa petite fille, il m'a accueilli comme un membre de sa famille.

J'ai vécu à côté de chez lui les 3 premiers mois, et tous les jours il me cassait les oreilles en criant à la porte : « Tu as besoin de quelque chose gamin ? » Un phénomène !

Je me régalais à l'écouter siffler. Un jour il m'a demandé quel était mon rêve de footballeur à Nice, je lui ai répondu : « Être comme vous ». Il s'est mis à rire, m'a embrassé et m'a répondu une fois de plus : « Que mon équipe remonte en 1ère division ». Je lui ai tendu la main, il m'a regardé droit dans les yeux : « Tu peux le faire ».

Le jour où nous sommes remontés en Ligue 1 (à l'issue de la saison 2001 / 2002), dans le couloir des vestiaires, nous nous sommes tombés dans les bras en pleurant : « Merci Gamin ! Tu vois, tu vois, tu vois, tu l'as fait ».  Je ne l'oublierai jamais.

Que puis-je dire de plus de notre plus grande idole ? D'un Homme au sens noble du terme.

Le jour où j'ai dû quitter Nice, je suis allé lui faire mes adieux. Il m' a embrassé et m'a dit : « C'est injuste que ce président et cet entraîneur te virent comme ça, mais tu reviendras ».

Je lui ai répondu : « Je ne crois pas qu'ils me donneront le plaisir de reporter ce maillot, mais merci, car grâce à vous, je me sens Niçois. Grâce à vous et aux supporters qui m'ont aimé et donné tant d'affection, je suis passionné de Nice, et je me dois de rendre cet amour. Je reviendrai toujours, même pour une simple visite ».

Malheureusement, jamais je n'ai pu revenir jouer au club.

Il me dit : « Ces supporters sont fantastiques, tu te dois de revenir par amitié pour moi et pour eux ».

La dernière fois que je suis revenu à Nice, nous nous sommes vus 5 minutes, nous nous sommes embrassés et nous avons pleuré. Mais on ne s'est rien dit. On s'est simplement regardé et nous n'avons parlé de rien.

Comment pouvais-je savoir que nous ne nous reverrions plus ? Mais nous savions que nous étions à jamais dans le coeur de l'autre.

Je me souviendrai de Pancho avec respect, avec joie, et avec l'immense chance de l'avoir si bien connu.

Pancho, je t'aime tant. Tu étais, tu es et tu resteras un « Grand ».

Pablito Rodriguez »