La grande interview
Bodmer : « Une certaine solidité »
En l'espace d'un an, Mathieu Bodmer s'est imposé comme un joueur incontournable du Gym. Cet ancien milieu de terrain, repositionné avec succès en défense, n'a rien perdu de son élégance balle au pied. Fier d'être un Aiglon, le Normand ne manque également pas d'ambition pour son équipe.
Mathieu, tu as entamé ta deuxième saison avec l'OGC Nice. Comment te sens-tu ici ?
Très bien, ça fait maintenant un an que je suis arrivé au club. J'ai bien pris mes marques, mes petites habitudes. Ma famille est à Nice. Tout va pour le mieux.
En l'absence de Didier Digard, le coach t'a confié le brassard. Comment as-tu géré cette période en tant que capitaine ?
Le brassard ne change pas grand-chose. Dans tous les clubs où je suis passé, j'ai déjà été capitaine. Dans le vestiaire, je ne vais pas prendre la parole ou crier plus qu'un autre. Par contre sur le terrain, j'ai tendance à parler et à donner des conseils. Quand Didier n'est pas là, c'est à Souleymane (Diawara) ou moi de transmettre notre expérience. C'est logique de prendre la suite.
Justement, l'OGC Nice compte beaucoup de jeunes joueurs. Joues-tu ce rôle de « grand frère » dans le groupe ?
Oui, dans le vestiaire il y a une différence d'âge. Des joueurs sont nés en 1997 (Maupay, Albert) et ont quand même quinze ans de moins que moi. Obligatoirement, c'est une nouvelle génération qui s'installe mais j'ai la chance d'être encore jeune dans ma tête. J'ai des enfants qui ont quasiment le même âge qu'eux. Je ne suis pas décalé ni déboussolé. On reste dans le même délire avec certains. Ça se passe bien, on me demande souvent des conseils même pour des choses en dehors du football. J'essaye de leur donner des indications pour ne pas qu'ils se trompent dans leur carrière.
A Lille et à Lyon tu travaillais déjà avec Claude Puel. Après toutes ces années de collaboration, tu dois avoir une relation particulière avec le coach...
Depuis peu, en fait. La saison dernière, il y avait encore une certaine distance. Ce n'était pas évident. On n'a jamais été de grands orateurs tous les deux. Cette année c'est différent. J'essaye de lui faire partager mon expérience, et il me demande aussi plus souvent mon avis. Des fois, c'est des petits détails mais qui l'aident dans son travail de tous les jours.
On te sent épanoui dans ton poste de défenseur central. Tu as l'air vraiment à l'aise sur le terrain...
Depuis que je suis arrivé ici, j'ai pris du plaisir à rejouer derrière. Ce n'était pas le cas auparavant. Au fur et à mesure, j'ai pris conscience qu'il fallait que je joue à ce poste. Maintenant, j'essaye de remplir mon rôle le mieux possible et de ne voir que le bon côté des choses. Je suis plus proche de la fin que du début. Il faut profiter et savourer de chaque moment.
"On aimerait ramener une coupe"
As-tu un objectif principal cette saison ?
On ne va pas se mentir, le championnat risque d'être compliqué. Des équipes sont mieux armées que nous pour jouer le podium. L'objectif est de remporter un trophée. Dans ma carrière, j'en ai remporté quelques-uns, ça a toujours été une expérience inoubliable. On aimerait ramener une Coupe à Nice. La partager avec un groupe jeune, qui découvre encore la L1, serait quelque chose d'extraordinaire.
Cette saison, l'OGC Nice gagne beaucoup de points dans les dernières minutes. Comment as-tu vécu cette fin de partie complètement folle face à Montpellier ?
Ce n'était pas évident, ça nous a souri, un peu comme la fin de match contre Metz où on arrive à vaincre au final. La saison dernière, on ne gagnait pas ce type de rencontre, on n'égalisait pas. C'était l'inverse, on aurait pris un autre but et perdu la partie. Je trouve que c'est plutôt bon signe. L'équipe a du mental. Il ne faut pas oublier le premier match face à Toulouse (3-2). On perdait 1-2 puis on a réussi à retourner la situation en notre faveur. Tout cela n'est pas anodin. C'est un signe que l'équipe progresse et qu'elle est plus difficile à bouger. L'apport du banc nous fait aussi beaucoup de bien. On a un effectif un peu plus large que la saison dernière. Les entrants peuvent faire la différence.
Les joueurs, le coach parlent d'un état d'esprit irréprochable...
C'est important. Après la rencontre de Bastia, on va enchaîner trois matchs en une semaine. Pour réussir, il est essentiel d'avoir 18-20 joueurs concernés. Il y a un certain turn-over qui est instauré. Les joueurs qui rentrent ne trichent pas. On l'a vu contre Lille et Monaco, il y a eu du changement mais l'équipe a gardé le même niveau. C'est bien, ça permet d'avoir une certaine concurrence qui est saine. Tout le monde travaille pour se tirer vers le haut.
Es-tu satisfait du comportement défensif de l'équipe ?
Je pense qu'on a retrouvé une certaine solidité. On a eu quelques matchs où l’on a un peu tergiversé. Au début ce n'était pas évident, on avait besoin de créer des automatismes. Depuis quatre ou cinq rencontres, hormis peut-être le couac à Nantes (1-2), on a bien défendu. On ne prend pas de but contre Metz (1-0), Lille (1-0) et Monaco (0-1). Contre Montpellier (1-1), on encaisse l'ouverture du score sur coup de pied arrêté. Ce n'est pas un hasard. Pour qu'une défense soit performante, il faut enchaîner les matchs avec ses coéquipiers, se comprendre et se connaître. On ne peut que s'améliorer avec le temps.
Après neuf journées de championnat, quel bilan tires-tu de ce début de saison ?
C'est plutôt positif même si on a perdu des points en cours de route. Je pense que sur le match de Bordeaux on pouvait espérer mieux, Nantes on passe au travers, Marseille c'est inexplicable. Mais au final, je pense que dans l'ensemble ça s'équilibre. On s’aperçoit que le championnat va être assez long et compliqué cette année. Il y a six équipes à quatorze points. On n’est pas loin de la troisième place, mais on n’a pas non plus fait un gros écart sur la zone de relégation. C'est à nous de prendre un maximum de points pour s'éloigner des dernières places.
Le prochain match c'est Bastia...
L'année dernière ça avait été un petit peu chaud. On avait gagné 2-0 et Bastia avait pris un carton rouge (Cahuzac 40e). Je sais qu'il y a une rivalité entre les supporters des deux clubs mais nous on ne doit pas s'occuper de ça. L'important, c'est de bien redémarrer après la trêve et de continuer à avancer au classement.
Tim Siffredi