110 ans
Fontaine : « Nice est resté dans mon cœur »
Mercredi, un monstre sacré du football français sera en dédicaces au Café des Aiglons avant de donner le coup d'envoi de Nice - Lille. Recordman de buts marqués dans une phase finale de coupe du Monde (13 réalisations en 1958), Juste Fontaine a révélé l'entendue de son talent à l'OGC Nice (51 buts en trois saisons), où il a joué ses premiers matchs de 1ère division (1953-1956). 60 ans plus tard, « Justo » (81 ans) garde toujours dans son cœur une affection particulière pour le club qui l'a lancé dans le grand bain.
Dans le cadre des 110 ans du club, vous êtes l'invité d'honneur du match entre l'OGC Nice et le LOSC Lille. Qu'est-ce que cela représente pour vous de venir mercredi ?
Je suis fier de donner le coup d'envoi de ce match à l'Allianz Riviera. C'est la première fois que je suis invité par le club. Je suis très flatté de venir ici. J'ai de bons souvenirs avec l'OGC Nice. Dès l'année de mon arrivée, on a gagné la coupe de France contre Marseille (1954). A Nice, je me suis fait beaucoup d'amis. Rubén Bravo, un super joueur argentin, était un gars formidable. J'ai appris énormément avec lui. Il y a eu Abderrahman Mahjoub aussi, qui était prêté par le Racing (RC Paris). Je le connaissais du Maroc. On a même cohabité quelques temps ensemble.
Comment avez-vous été recruté par l'OGC Nice ?
C'est grâce à Mario Zatelli (entraîneur du Gym en 1952-53) que je suis arrivé à l'OGC Nice. Il est venu voir un match de seniors à Casablanca. Moi, je jouais en lever de rideau. On a gagné 2-0 et j'ai mis deux buts de 25 mètres, un du droit, un du gauche. Il a alors dit à mes anciens dirigeants de l'US Marocaine qu'il me voulait. Deux ans après, à la suite de notre victoire en coupe d'Afrique du Nord, je suis parti à Nice.
Une anecdote à nous raconter de vos années au Gym ?
Quand je suis arrivé à Nice, des personnes ont commencé à dire « il faut se méfier de ce mec-là ». Alors les gens répondaient : « Pourquoi, il a une bonne frappe ? Oui, et il tire des deux pieds. Est-il bon de la tête ? Oui. Est-il rapide ? Oui. Est-il bon technicien ? Oui, mais ce n’est pas pour ça qu'il faut se méfier de lui : il a le bac ! » C'était vraiment sur le ton de la rigolade. A l'époque, il était rare de voir un joueur pro diplômé.
Que pensez-vous de l'Allianz Riviera ?
C'est un stade grandiose, il est magnifique. C'est bien que Nice possède un stade de cette envergure. Pour le moment, je n'ai vu l'Allianz Riviera qu'à la télévision. Je n'ai jamais eu l'occasion d'y aller en chair et en os. Ça va être une grande première pour moi. J'espère que l'ambiance sera au rendez-vous. Quand je jouais au Gym, le public était déjà très chaud. Les supporters avaient un haut degré d'exigence. Ils n'aimaient absolument pas voir leur équipe perdre.
« Puel fait de belles choses »
Suivez-vous toujours les résultats de l'OGC Nice ?
Bien sûr, je suis toujours les résultats. Nice fait partie de mes équipes de cœur, avec Toulouse et Reims. Pour le prochain match, ça risque d'être serré, Lille est une équipe solide. Je pense aussi que Claude Puel est un bon entraîneur. Je trouve qu'il fait de belles choses avec son effectif. Ils peuvent accrocher une place en première partie de tableau. Ça serait déjà un exploit compte-tenu des contraintes économiques du football français.
Vous avez marqué, à jamais, les esprits lors de la coupe du Monde 1958 en Suède. Encore aujourd'hui vous êtes le recordman de buts marqués dans une phase finale d'un Mondial (13 buts). C'est un record qui paraît inaccessible maintenant...
Si les joueurs ne veulent pas battre ce record, je ne vais pas leur donner une prime quand même (rires). En 1958, quand je marque mes treize buts, aucun n'est inscrit sur coup de pied arrêté. J'étais dans une grande forme. Avant la compétition, j'avais mis 34 buts en 26 matchs avec mon club (Stade de Reims). Pour la dernière coupe du Monde, lors de la finale Allemagne-Argentine, Thomas Müller qui était premier au classement des buteurs n'avait marqué que cinq buts. Pour battre mon record, il fallait qu'il inscrive neuf buts en un seul match. Je pouvais dormir tranquille. Il va falloir attendre encore quatre ans. Le jour où il y aura encore plus d’équipes peut-être que ce record sera battu. Je leur souhaite en tout cas bien du plaisir.
Que vous inspirent les célébrations de but des attaquants ?
Je pense que la télévision a changé beaucoup de choses. A mon époque, quand on marquait un but, on aller remercier, en priorité, le passeur décisif et puis on revenait au centre. Maintenant, ça part un peu trop dans tous les sens. Le joueur veut se faire remarquer, il fait des sauts périlleux, il glisse sur la pelouse. Certains enlèvent même leur maillot en sachant qu'ils risquent un carton jaune. Parfois, c'est complètement idiot.
Propos recueillis par Tim Siffredi
VENEZ LE RENCONTRER MERCREDI
Dans le cadre de ses 110 ans, le club rend hommage à un ancien de la maison rouge et noire à chaque match à domicile cette saison. Après Pancho Gonzalez, René Marsiglia et Tony Kurbos, c’est l’ancien attaquant du Gym de 1953 à 1956 et recorman du nombre de buts sur une seule coupe du monde avec l’Equipe de France qui se livrera à la désormais traditionnelle séance de dédicaces au "Café des Aiglons" (Musée National du Sport) à 17h avant de donner le coup d'envoi de la rencontre.