Portrait

Julien, le plus Nissart des Canadiens

Le Gym dresse des ponts, fait fi des frontières, enjambes les océans. Passion sans âge et amour sans temps. L’histoire du jour est un exemple de ce que le rouge et le noir signifient, au-delà des mots. Direction Toronto, les ailes ouvertes et l’oreille tendue. Petit coup de fil à Julien, fidèle des lives rouge et noir. Un expat’ chaud comme la braise…

Pour entamer cette histoire, il convient de commencer par le plus frais. Ou par le plus chaud. Question de point de vue. Il convient de commencer par ce qui n’est pas convenu, par des matchs vécus ensemble, à des milliers de kilomètres de distance. Par des messages sans filtre, des éclats de voix, des fronts sur un micro, des cris, des peines et des joies partagées. Par un espoir commun. Julien aime l’OGC Nice. Il vit au Canada, à Toronto. Le maillot et le bonnet des Raptors (club de basket de NBA, ndlr) qu’il nous a envoyés occupent d’ailleurs une jolie place sur nos bureaux : « C’était un petit clin d’œil car on se parle tout le temps. Je suis un fidèle. Tout ce que je peux prendre sur le club, je le prends. J’ai toujours beaucoup voyagé. L’Allemagne, l’Italie, le Mexique (…) et maintenant le Canada. À chaque fois, j’ai amené le Gym avec moi. Nice, ça reste mon pays. L’éloignement, ça rend cet amour encore plus fort. » 

Une histoire de carnet 

Le mode vidéo est déclenché. Une jolie vue, un peu de neige dans le jardin, -5° à l’extérieur, une petite princesse de 6 mois dans les bras. La connexion est établie une fois de plus mais cette fois le match n’y est pour rien. À lui de se raconter. À lui de commenter le début de son match avec le maillot rouge et noir, qui dure depuis son année de naissance : 1987 : « J’aurais trop de choses à te raconter, je ne sais même pas par où commencer… » Attaquons par le commencement ? « Les matchs au Ray avec mon père, à des époques compliquées (il se marre). » Dans une saison compliquée en championnat, justement, en 1996-97, petit Julien est bien coquin. Originaire du Port, il déborde à l’école, reçoit un mot de remontrance sur son carnet de correspondance. Au bluff, il le signe lui-même, juste avant la finale de la Coupe de France. Le bluff ne prend pas. La punition tombe : petit bonhomme est privé de finale par ses parents. Le dernier titre du club lui passe sous le nez. Des larmes de peine coulent sur ses joues, avant les larmes de joie. 

Un an plus tard, le pichoun monte toujours au Ray avec son paternel, qu’il quitte au moment d’entrer au stade. Direction la tribune populaire et les amis. La D2 est là. La Coupe des Coupes aussi. Bibiche, Pablito. Puis vient l’heure de la remontée, de José, de Sammy, des galères, des débardeurs ténébreux, des pantacourts hésitants, des bouts de ficelle permettant de gravir les montagnes. Ce retour dans l’élite est une renaissance : il précipite toute une génération d’amoureux dans la marmite. Toute cette génération a grandi. Son amour n’a jamais faibli. 

« Quelle chance de pouvoir aller au stade… »

27 années ont passé. Une vie difficile à résumer, comme il est dur d’enfermer dans des mots une passion. Les grandes lignes peuvent être tracées en pointillés. Fou d’un club qui rend fou, Julien passe par le collège Port Lympia, le lycée Masséna, obtient son bac, intègre le STAPS et effectue son stage dans le domaine de la préparation physique… au Gym, dans le staff de Fred Antonetti. Puis il prend le large en restant arrimé à sa terre. Saisons rudes et saisons chaudes : tout se vit avec encore plus d’intensité. Dario, Hatem, Mario, Andy, le retour en Europe et les deux finales perdues en Coupes, à 15 ans d’intervalle. 

Si le flot des échanges nous ramène toujours vers le passé, poussé par le vent du temps qui passe, l’œil de notre interlocuteur s’éclaire un peu plus quand on lui parle du présent : « Franchement, cette année, on va y aller. Notre équipe donne tout sur le terrain. Les joueurs, le coach et le club méritent tellement d’être soutenus. Il faut qu’on les pousse dans la dernière ligne droite et qu’on aille faire un exploit tous ensemble. Ça fait un an que je ne suis plus revenu et tu veux que je te dise : mon rêve, c’est de revenir avec mon fils Luc (4 ans) et ma fille Emilie (6 mois) pour voir un match de Ligue des Champions. »

En attendant, rendez-vous est pris sur le live de Nice – Clermont. Histoire de renforcer les ponts et de donner plus de corps à notre espoir commun…


C.Djivas