Interview

Evann Guessand : « J’espère pouvoir les rendre fiers »

A 22 ans, il a déjà connu bien de choses, bien des saisons, bien des matchs. Pourtant à 22 ans, il possède encore bien des choses devant lui, bien des matchs et bien des objectifs. Pur produit de l’académie rouge et noir, Evann Guessand a fait le choix de rester au Gym cet été, après une saison en prêt à Nantes. D’y rester pour performer et pour aider son club à avancer. En cette période de trêve internationale, l’attaquant a effectué un pas de recul pour mieux repartir de l’avant. Une bonne manière de parler en profondeur.  

Evann, qu’est-ce qui t’a poussé à rester ?
Durant la période de mercato, j’étais susceptible de partir, comme tous les autres joueurs. Dans mon cas, il y a eu pas mal de rebondissements. J’ai eu des échanges avec Florent Ghisolfi (Directeur sportif) et Francesco Farioli (entraîneur) qui ont été intéressants. Ils m’ont convaincu, en m’expliquant ce qu’ils voulaient faire de moi cette saison et ce que l’équipe voulait faire. On a pris cette décision ensemble et c’est avec un grand plaisir que je reste. Nice, c’est le club où j’ai grandi, où j’ai toujours été depuis bientôt 10 ans… M’imposer ici a toujours fait partie de mes ambitions et de mes objectifs. L’histoire serait belle, un joueur venu à 13 ans ici, qui a passé toutes les catégories, et qui « s’impose » dans le monde pro dans son club… C’est mon idée première. A moi de travailler dur pour m’en donner les moyens et pour continuer à progresser.

Quel a été, justement, le discours de Florent Ghisolfi et de Francesco Farioli ?
On a beaucoup échangé durant les semaines de préparation. À un certain moment, ils m’ont dit : « On a besoin de toi et on sait que tu peux nous aider ». Ça m’a touché et convaincu. On est allés dans le même sens. J’ai beaucoup réfléchi, je sais que j’ai le soutien du club. Ça compte beaucoup.

Un peu à l’image du retour de Romain Perraud, penses-tu qu’il y ait quelque chose de particulier qui vous lie au Gym ?
Oui. Quand j’étais là, au centre, Romain faisait partie des grands. Je les voyais jouer et je me disais qu’il y avait du travail pour arriver jusqu’à là. C’est un réel plaisir de le retrouver en équipe première. On parle des souvenirs et on pense à faire de belles choses pour le club où on a grandi, en lui faisant profiter de l’expérience qu’on a pu emmagasiner ailleurs. C’est un beau défi.

Que t’a apporté ton prêt à Nantes ?
Il m’a permis de me développer, de découvrir l’Europe, de faire un parcours en Coupe de France comme l’année d’avant. C’était une saison un peu mouvementée, j’ai à la fois joué la Juventus (1-1, 0-3 en barrage d’Europa League) et le maintien, mais mine de rien, c’était ma première saison au haut niveau où j’ai pu être un acteur important de l’équipe (44 matchs disputés, 5 buts). À Nice, en 2021-22, je ne faisais presque que des entrées. À Nantes, j’ai commencé pas mal de matchs. C’est comme ça qu’on prend de l’expérience. Aujourd’hui, je pense être un joueur différent.

« Ça aurait été bête de ma part de critiquer le club où j’ai été formé »

 « J’ai besoin de retrouver une famille à Nantes » : comprends-tu que tes mots, à ton arrivée au FCN, aient pu faire grincer quelques dents chez les supporters niçois ?
Bien sûr mais le message a été mal compris. Il n'y a jamais rien eu contre Nice. Lors de cette même conférence de presse, j’avais aussi parlé de Lausanne où j’ai passé de très bons moments. Il n’y a jamais eu de comparaison, c’était juste pour mettre une image et des mots sur ce que j’avais ressenti sur le moment. On m’a beaucoup parlé de cette déclaration et franchement j’ai été surpris. Ça aurait été bête de ma part de critiquer le club où j’ai été formé, où il y a des personnes que j’apprécie, et en plus le club qui me prête en sachant que je vais revenir car il n’y avait pas d’option d’achat. Ça n’aurait pas été logique et ça n’aurait pas été respectueux de critiquer le Gym. Je pense que mes propos ont été mal compris. Nice ne m’a pas fait de mal, Lausanne non plus, bien au contraire. Nice m’a formé, lancé, j’ai pu enchaîner pour la première fois en pro à Lausanne. Je ne veux que du bien à ces deux clubs et à leurs supporters.

6 points en 4 journées, c’est…
Bien, mais on peut mieux faire. Avec nos ambitions, je pense qu’on doit viser au-dessus. Si on avait 9 points, je t’aurais dit que c’était bien. Là, il y a un « mais » car on aurait bien aimé gagner contre Lille (1-1) et Lorient (1-1), des victoires à notre portée, dans des matchs où on menait. On ne peut pas se satisfaire de 6 points. La victoire contre Strasbourg (2-0) avant la trêve nous a fait du bien, elle nous permet de regarder vers le haut.

Quand tu marques à Lorient, est-ce que tu te dis : « C’est bon, je suis revenu » ?
Oui. J’étais déjà bien rentré contre Lille. Lorient, c’était dans la continuité. Tant mieux, parce que je sens que je monte en puissance. Maintenant, en tant que compétiteur, je travaille beaucoup pour avoir encore plus de temps de jeu. Mon objectif, c’est être le plus décisif possible, sans mettre de chiffre et en disputant un maximum de matchs. Le tout pour aider le club à finir dans les 6 premiers. J’essaie au quotidien, chaque jour à l’entraînement, de donner le meilleur de moi-même pour pousser le coach à me mettre de nouveau sur le terrain.

Que te demande-t-il ?
De jouer avec mes capacités, de faire que je sais. On parle beaucoup de tactique, il peut beaucoup m’apporter. Sur le terrain, il me laisse très libre offensivement. Nous, attaquants, nous avons besoin de ça : créer, montrer des choses, déséquilibrer. Il veut que je travaille défensivement et que je me fasse plaisir offensivement.

« Je pense toujours à ceux qui m’ont aidé »

En 2021, tu disais que tu étais « moins 9 » que ton père, Hervé. Deux ans après, qu’en penses-tu ?
Je le pense toujours. J’ai été formé en tant qu’ailier, même quand j’allais en sélection, c’était comme un ailier. Puis je me suis étoffé physiquement, en prenant du gabarit, donc on m’a mis dans l’axe. À Nantes, j’ai joué les ¾ de la saison dans le couloir droit, donc oui, je suis moins « 9 » que certains. Je peux jouer à tous les postes de l’attaque. À Lorient, j’étais en pointe, contre Lille sur le côté. J’aime jouer à tous les postes offensifs.

Paris, Monaco sont au programme de la reprise…
Ce sont des matchs très excitants. On a tous envie de se frotter aux meilleurs. On a deux gros tests d'entrée, on va voir comment on réagit mais on croit en nous. On a confiance. De toute façon, quand tu joues Paris après la trêve internationale, tu ne peux pas dormir.

Et après Monaco, il y aura Brest, pour les 10 ans de l’Allianz Riviera…
Tu t’imagines, 10 ans… Je suis arrivé au moment de la bascule entre le Ray et l’Allianz Riviera. Mon premier souvenir, c’est quand j’étais porte-drapeau pour l’Europa League. Puis il y a eu Naples en Ligue des Champions. J’ai été ramasseur de balle, à côté des pros que je voyais de loin au centre. Quand tu es petit, tu as les yeux ouverts, c’est magnifique. D’ailleurs, je pense toujours aux gens qui m’ont aidé à mon arrivée au centre et durant toutes mes années ici. J’ai travaillé dur mais il y avait de très bonnes personnes autour. Je ne peux pas couper les liens avec tous les salariés, les dirigeants, les joueurs. Je sais que quand je marque ou que je suis sur le terrain, beaucoup sont heureux. J’ai grandi ici. Les gens me voient un peu comme un enfant du club. J’espère pouvoir les rendre fiers.


C.D.

OGC Nice & IconSport