Nice - Lyon

Quand Coun croque Mèfi

Il y a un an, il avait été invité par le club à habiller la ville à grands coups de crayon. Rappelez-vous : c’était avant la finale de Coupe de France. Ses dessins avaient fait le tour de la capitale du Comté, s’affichant partout – sur les murs, les panneaux ou les trams - comme le brillant étendard d’une culture en mouvement. Un an après, les choses ont bien changé pour Pierre Franco, alias Coun. Ses idées et son tracé lui offrent mille projets. L’un d’entre eux le mène à l’Allianz Riviera, puisqu’il s’agit des trois premiers livres d’une collection nommée « Qu’es acò ? », dont un est consacré à Mèfi*. Avant de le retrouver en dédicaces lors de Nice – Lyon, à la boutique du club située sur le parvis, celui qui a aussi réalisé la couverture du magazine que vous tenez dans les mains nous présente tout, avec la chaleur qui le caractérise. 

Pierre, première question simple : qu’es acò « Qu’es Acò » ? 
Depuis la finale de la Coupe de France, je suis resté en contact avec les gens du club, Virginie (Rossetti, Directrice communication & marque), Laurent (Oreggia, Directeur des médias) et Nicolas (Bernard, Directeur adjoint communication & marque). Je leur ai dit que j’aimerais faire des livres pour les petits, ils étaient emballés, alors je me suis lancé, et nous voilà. J’ai écrit un livre sur Mèfi, avec le texte principal en niçois. Un livre qui puisse être décliné en série avec des thèmes complètement différents comme la cuisine, un personnage historique, le foot… C’est un livre simple, un texte simple, en niçois avec la traduction en français, une illustration pour que chacun puisse apprendre la langue en s’amusant, en découvrant quelque chose, en parlant avec l’accent. J’ai pensé à « Qu’es Acò » pour le titre. Trois livres arrivent : un sur Mèfi, un sur le pan bagnat et un sur Catarina Segurana, car c’est l’année des 480 ans du siège de Nice.

Que peut-on retrouver dans le livre sur Mèfi ? 
Je suis rentré dans l’univers du stade, avec des mots, des moments importants. Au niveau de l’histoire, pour avoir du concret, le lecteur part de l’œuf et tourne autour. À chaque page, il découvre quelque chose en plus. La fin est une double page, celle du « qu’es acò ? », avec une illustration un peu vague qu’il peut comprendre en ayant récolté des indices tout au long du livre. 

C’est quelque chose que tu avais en tête depuis un moment ? 
Oui. J’étais « designer produits », je dessinais des vélos, des motos. À un moment donné j’ai eu besoin de bifurquer. Ça fait un moment que l’univers des livres pour enfants m’intéresse, comme le monde de l’illustration. 

Comment as-tu fait la bascule ? 
Un jour, un pote me montre le premier tome du fanzine de supporters, « Quoura Ven Lou Dissata », un peu sous le manteau : « Regarde, ça peut t’intéresser ». J’ai trouvé que c’était sympa. J’ai écrit à son créateur, Bruno. Il était intéressé direct. Après coup, on en a rigolé, parce qu’à tout moment j’étais un branque (rires). Je lui ai envoyé les dessins. Il m’a dit que la couleur et l’illustration, c’était ce qui lui manquait, car les textes, il les avait. On a fait ça comme ça. Et puis, de fil en aiguille… C’est cette rencontre qui a tout déclenché pour moi. Savoir dessiner, c’est une chose. Vendre des dessins et être reconnu, c’en est une autre. Et moi j’ai rencontré Bruno au moment où j’avais décidé de dire basta. Comme quoi… C’est aussi comme ça que le Gym m’a contacté.

Tout a changé pour toi avec la finale de la Coupe de France ?
Ça a été un tremplin. Et encore… J’avais dessiné le bus et le t-shirt, en cas de victoire. C’était incroyable. Ce que j’ai apprécié, c’est que Virginie, Laurent et Nico’ m’ont toujours appuyé. Ils m’ont dit que cela les touchait en tant que membres du club mais aussi en tant que supporters eux-mêmes. Que j’amenais quelque chose de différent en valorisant ainsi l’identité de l’OGC Nice et de la ville. Ils m’ont toujours laissé carte blanche. Devenir l’illustrateur du Gym sur cette aventure, pouvoir profiter du dispositif du club avec les affiches en ville, sur le tram,… franchement, c’était excellent. Même à Nantes ils avaient dit qu’on avait été bons. Tout le monde m’a encouragé. Derrière, en 6 mois, ça a explosé pour moi, avec plein de projets. J’aurai par exemple une exposition à partir du 15 septembre à la bibliothèque Louis Nucera, sur les expressions et les proverbes niçois.

La culture niçoise est vraiment au centre de tes œuvres.
J’ai vraiment envie d’être vu comme un dessinateur niçois. Jean-Marc Eusebi, qui est maintenant décédé, était un mec de la vallée de la Vésubie, comme moi. Typiquement, j’ai envie de prendre le relais. Je ne veux pas m’incruster, mais je pense que ça plait aux supporters. Le club a de nouveau pensé à moi pour dessiner la voile du Mèfi Club que l’on voit au stade avant tous les matchs maintenant, et Richard (Elkaïm, Directeur merchandising de l’OGC Nice) voudrait que je fasse une affiche par mois pour la boutique. Ça me donne de l’élan, parce que quand tu n'as pas l’obligation de faire, tu ne fais pas forcément. Dadou Buonomo, qui est à Eurosport, dessine aussi pour Montpellier. C’est bien de garder son identité.

Le niçois et sa culture, ça a changé ta vie ?
J’avais fait ça au bac, par hasard. Ça a été une révélation. C’est là où j’ai vraiment commencé à aller au stade en plus. Je ne viens pas du tout d’une famille qui est à fond dans le foot ou dans l’art. Je me suis fait tout seul et avec le niçois, j’ai rencontré un truc fou. J’avais eu 20/20 au bac, j’étais le premier de l’académie, donc j’avais reçu une vingtaine de livres, de dictionnaires. Maintenant, ils me servent tout le temps. Il y a l’histoire du Comté, je vérifie l’orthographe des mots. 

On sent de la bienveillance autour de toi… 
Moi aussi. Je sens que les gens sont contents pour moi. Je suis content. Je suis hyper simple, j’ai toujours été bienveillant avec tout le monde. Dans mes dessins, je suis moi. Je donne vraiment de ma personne. Je suis content parce que j’ai de bons retours. Quand on vient me parler de mes affiches en niçois, ça me fait vraiment plaisir.

Coun en dédicaces samedi soir au stade

 

Les livres « Qu’es Acò » (aux Éditions Gilletta) seront disponibles au prix unique de 7,50€ à la boutique officielle de l'OGC Nice à l'Allianz Riviera ce samedi. De 18h30 à 21h, Coun dédicacera ses oeuvres aux supporters du Club. 

A noter que la couv' du dernier OGCNICE.mag, mettant à l'honneur Dante en Captain Nissa a été réalisée par l'artiste niçois, qui a pu offrir son dessin au capitaine du Gym ce jeudi.

Suivez aussi @Coun___ sur instagram !