Monaco - Nice
Carlos Eduardo : souvenirs du dernier héros
Il est le dernier héros niçois à Monaco. Le dernier à avoir offert les 3 points au peuple rouge et noir sur le Rocher, d’un coup franc magistral qui lança une belle histoire d’amour. Mais Carlos Eduardo est un peu plus que ça : un homme avec le Gym attaché au cœur. Qui n’a pas hésité à décrocher son téléphone, du bout du monde, pour lancer le derby.
Les sentiments dribblent souvent le temps, surtout quand ils appartiennent aux artistes. Carlos Eduardo n’est resté qu’une saison à Nice, en 2014-15. Pas la plus belle, pas la plus douce, pas la plus paisible au niveau collectif. Mais cette saison « restera à jamais dans (s)on coeur. » À l’époque, le joueur prêté par Porto peine à s’exprimer en français. Huit ans après, il s’en excuse dès qu’il décroche son téléphone, au retour de son entraînement avec Botafogo, alors qu’il est en train d’arriver chez lui. Nous sommes mercredi 22 février. Il est 12h26 en Amérique du Sud et 16h26 dans le Comté. Pourtant son français, comme un bon vin, s’est bonifié avec les années. Carlos n’a plus besoin qu’on le traduise pour qu’on le comprenne, y compris lorsqu’on n’évolue pas à ses côtés sur le pré. Le téléphone se coupe, le temps que le milieu de terrain s’installe. Cinq minutes après, le voilà en place. Casquette noire, t-shirt Jordan, moustache fine, sourire éclatant : « Comme ça me fait plaisir de pouvoir parler de Nice… ».
🤳 Avant le derby #ASMOGCN, on a pris des nouvelles de Carlos Eduardo 😍🇧🇷
— OGC Nice (@ogcnice) February 23, 2023
Retrouvez son interview prochainement sur le site officiel 😉#OGCNice pic.twitter.com/3akqQPPRLH
« J’ai encore beaucoup de choses dans ma tête »
Très vite, le derby est au centre des échanges. Et un derby en particulier : celui datant du 27 septembre 2014. « C’est mon premier but avec Nice, je ne pourrai jamais l’oublier de ma vie », éclaire le meneur qui portait à Nice le n°3. « C’était spécial. Un coup franc. Et après, je suis allé avec les supporters. Pour ce match ils étaient venus avec la moto. J’ai encore beaucoup de choses dans ma tête. » Le coup franc en question est sifflé très tôt. 25 mètres, plein axe. Le mur monégasque laisse de l’espace : Matthieu Bodmer et Alassane Plea lui offrent une fausse épaisseur supplémentaire.
Carlos vise Alass’, qui baisse la tête. Subasic est battu à la 7ème minute du derby. S’ensuit une course folle, sous les arches, où sont massés les amoureux du Gym.
Eduardo se présente, se libère. Le voilà adopté, pour son 4ème match avec le maillot frappé de l’Aigle. Après 76 minutes de toute beauté, il cède sa place… à Didier Digard : « Ça je ne m’en rappelais pas, se marre-t-il. Didier, c’était un bon capitaine, c’est une bonne personne. Je suis content qu’il soit devenu l’entraîneur. J’espère qu’il entrera dans l’histoire. »
« Je regarde tous les matchs de Nice »
Ces mots venus d’un autre continent illustrent un attachement tiré d’une autre époque. Quand on le fait remarquer, le grand Carlos se presse de nous expliquer : « Je regarde tous les matchs de Nice. Ce club va rester à vie dans mon coeur. Je l’aime, comme j’aime les personnes qui y travaillent, la ville, les supporters. Dans ma carrière, c’est ici où j’ai été le plus content. » Alors quand on lui parle de Nice, les souvenirs fusent. Son quintuplé à Guingamp, sa volée contre Lorient, son ciseau à Lyon.
En 30 matchs, il claque 10 pions. Au bout d’une saison éprouvante, le groupe de Claude Puel décroche finalement son maintien, terminant même à une honorable 11ème place. Dans la foulée de cet exercice, Carlos Eduardo quitte le club, où il était prêté par le FC Porto, pour l’Arabie Saoudite. Pendant 5 saisons, il devient une légende d’Al Hilal, avec qui il dispute 148 matchs, inscrit 77 buts et remporte 8 titres. Ce choix de carrière lui « change la vie » et après une dernière pige à Dubaï, regagne son Brésil natal, en 2022 sous le maillot de Botafogo, pour se rapprocher de sa famille, après 14 ans d’exil. Papa poule de 4 enfants, il n’est pas revenu à Nice de son départ et jure de le faire quand les étoiles et les saisons seront alignées.
Quant au mot de la fin, il nous ramène au début de l’histoire, dans une sorte de continuité brûlante : « J’espère que dimanche, nous allons gagner. Bonne chance à tous les joueurs et tous les supporters. Ils resteront dans mon cœur toute ma vie. Merci pour tout. »
C.D.