Conférence de presse
J-P. Rivère : « Ce n’est plus supportable »
Au lendemain des incidents survenus avant la rencontre entre Nice et Cologne à l'Allianz Riviera, Jean-Pierre Rivère a répondu aux questions des journalistes lors d'une conférence de presse vendredi.
L’ÉMOTION
« Notre ministre des Sports a tout résumé : Y en a marre ! Quand vous le vivez en direct, c’est terrible. Et le lendemain, avec du recul, en voyant les images, c’est encore pire (…) Ce n’est pas ça le football. Ce n’est plus supportable. (…) Je n’ai pas pour habitude de quitter un navire quand ça tangue. Mais à chaud quand on voit ça, on se dit forcément : « qu’est-ce que je fais là ? ». Mon fils de 10 ans était en tribune. Il a vu arriver des mecs cagoulés,… Il est remonté en courant. Mais quand je le retrouve ensuite… (soupirs). Je pense à tous ces pères de famille, ces mamans,… (…) Je suis pas là pour critiquer qui que ce soit. Je sais qu’il y a de la bienveillance chez tout le monde dans la préparation des matchs. Je fais seulement un constat.».
LA VENTE DES PLACES AUX SUPPORTERS ADVERSES
« Juridiquement, on n’a pas le droit de ne pas vendre des places. Mais dans la situation actuelle, je ne vous cache pas que je me demande s’il ne faudra pas à l’avenir bloquer quand même les ventes, quitte à être sanctionné ensuite. Car ce n’est plus possible ainsi. »
LA SÉCURISATION DU STADE
« Je ne veux critiquer personne, mais c’est un constat que je fais depuis le début. Vous pouvez reprendre mes déclarations depuis 2013. C’est un stade magnifique, un merveilleux outil, mais il a une complexité de sécurisation très forte. Après les incidents de Marseille l’an dernier on a rehaussé les tribunes et on a installé des filets, ce qu’on demandait depuis des années. La sectorisation, on en parle aussi depuis longtemps. A part le parcage visiteur qui est un petit peu hermétique, tout le reste c’est « open bar » : vous allez où vous voulez. Mais on nous a répondu que c'était infaisable en raison de la conception du stade. La Mairie n’y est pour rien (la conception du stade respecte le cahier des charges établi par l'Uefa pour l'accueil des rencontres de l'Euro 2016, ndlr). L’idée initiale de ses concepteurs était que les gens allaient s’adapter au stade et pas l’inverse. Malheureusement on vit dans un monde où c’est plus compliqué que cela.
Nous ne sommes que locataires du stade. On a parfois été écoutés, comme au sujet des sièges. Après de nombreux couriers et échanges, on a obtenu gain de cause car ils pouvaient se casser facilement et se transformer en armes. Cela a été un combat, on a été entendus et on a changé tous les sièges. Mais pour tout le reste, c’est pareil : je n’ai pas l’autorité ni la capacité à sécuriser ce stade. Ce n’est pas de mon ressort. Or, il est quasiment impossible à sécuriser dans sa configuration actuelle. »
UNE FRANGE DE HOOLIGANS
« Je ne critique pas les 8.000 ou 10.000 Allemands qui étaient là. Mais certains ont passé la journée et la nuit précédente à boire. On a bien vu ce qu’il s’était passé en ville l’après-midi, avec des dégradations. C’était déjà moins bon enfant que ce que l’on pouvait imaginer. Ils ont ensuite rejoint le stade à pied depuis la Place Masséna. Ce qui pose des questions. Et quand ils sont arrivés au stade, on a souhaité effectuer un filtrage avec nos stadiers et des CRS. Quand on a ouvert les portes, ils ont tout cassé. (…)
Si le stade est sectorisé, on sécurise mieux les choses. On peut toujours aussi se dire « mettons 3 fois plus de stadiers, de policiers,… » Mais à un moment, mon constat c’est que ces 200, 250, 300 hooligans n’ont rien à faire dans un stade de football, ni autour. Surtout que certains n’en sont pas à leur première affaire, je parle notamment de certains Parisiens. Les Français, on doit les connaitre. Il est impossible que ces gens ne soient pas identifiés. Comment ces gens interdits quelque part peuvent aller ailleurs ? Peut-être que la technologie peut aider. Mais si on ne résout pas ce problème-là, nous n’y arriverons pas. On ne pourrait qu’atténuer. Un stade n’est pas un défouloir ni un lieu de combat. C’est un lieu de partage et de sport. On en est très très très loin. »
COLOGNE
« Cette frange pénalise tout un club. Je me mets à la place des dirigeants de Cologne, ils doivent être atterrés comme nous de ce qu’il s’est passé (…) Après, il y a un travail de collaboration à mener. Peut être qu’ils ne connaissaient pas les Parisiens, mais les leurs, ils les connaissent. Donc il s’agit d’organiser, d’alerter. Dire : « Attention, eux ils sont comme ça ». Il avait été dit que les plus ultras seraient dans le secteur visiteurs, là où il y a les séparations en plexiglas. Au final, ils étaient en plein milieu… ».
LES STADIERS
« Nos stadiers ne sont pas armés pour ça : ils n’ont pas de matraques, pas de gaz. Seulement leur chasuble et leurs mains. Or, ils sont face à des combattants de rue, des gens dont la vie consiste à se battre, et qui n’ont rien à faire dans un stade. Ils ont fait ce qu'ils ont pu, et certains en étant très courageux. On parle de personnes qui gagnent 50€ sur la soirée, qui ont des femmes et des enfants,… Heureusement qu'ils ont réussi à les bloquer, sinon je ne sais pas jusqu'à où ça serait allé. Je tiens à les remercier ».
L'UEFA
« Je suis monté au PC sécurité, qui n’est pas ma place, pour savoir ce qu’il allait se décider sur la tenue ou non du match. Le délégué de l’UEFA avait une position très claire : jouer le match car c’est plus facile à gérer qu’un « non-match ». Je n’ai pas revu l’UEFA après le match. Je pense que l’UEFA était satisfaite du déroulement du match, puisque c’était leur souhait, et qu’il ne s’est rien passé pendant la rencontre. Ce qui l’avait précédé était déjà bien suffisant… »
DES SANCTIONS ?
« J’espère qu’on n’en aura pas. Des sanctions parce que des incidents se sont produits à l’intérieur du stade ? Vous voulez sanctionner la ville aussi parce que ils y ont fait plein de dégâts également ? On a subi les choses et évidemment que nous avons porté plainte. »
LE DÉPLACEMENT À BELGRADE
« J’ai eu un représentant de nos supporters à ce sujet ce matin même. Ma préoccupation, c’est la sécurité de nos supporters. On va rediscuter avec eux, mais il faut vraiment qu’on ait toutes les garanties. »