Interview
La parole à Rosario
Ce qu’il dégage sur le terrain est à l’opposé de ce qu’il transmet au quotidien. Tel est le paradoxe de Pablo Rosario (25 ans). S’il ne fait pas bon trainer dans la zone de l’ancien capitaine du PSV les crampons au pied, le retrouver « dans le civil » est toujours un plaisir. En plein cœur de l’été 2022 et avant un mois d’août brûlant, le milieu néerlandais, taulier du vestiaire rouge et noir, a laissé sa discrétion habituelle de côté pour nous donner la température du groupe. Le tout avec une froide détermination.
Quel est ton regard sur les trois premières semaines de préparation du groupe ?
C’est dur. Très dur. Mais nous prenons du plaisir. Il y a du soleil, de bonnes conditions de travail. Nous sommes de retour tous ensemble, il y a beaucoup de bonne humeur et de bonne énergie.
Est-ce qu’avec le changement d’entraîneur, les séances sont différentes ?
Je n’étais pas encore arrivé à cette période l’été dernier, donc je ne peux pas trop comparer les périodes. Par contre, oui, il y a des différences dans les entraînements. Physiquement, on travaille énormément mais toujours avec ballon. C’est mieux pour moi, y compris sur le plan mental. Je me prépare tous les jours à travailler en fonction des attentes du coach, qui est très concentré sur les bases. Il nous les fait travailler tout le temps, en nous répétant : « Il faut avoir une bonne technique, un bon pied gauche, un bon pied droit, pour utiliser le ballon d’une manière fluide ». Je pense que c’est une bonne chose pour tous les joueurs et surtout pour moi, qui suis un milieu de terrain. Dans ma zone, tu dois être rapide, si tu es capable de jouer avec les deux pieds, c’est plus facile d’accélérer le jeu.
Est-ce que ce que te demande Lucien Favre est différent de ce que te demandait le coach Galtier ?
Pour l'instant, tout se fait avec le ballon, on veut jouer un certain football et pour ça on a besoin de tous les joueurs sur le terrain. Le coach demande beaucoup de mouvement. Pour moi, c’est encore plus important de bouger, de proposer quelque chose, même si c’est une course de deux mètres à droite ou à gauche, peu importe, tant que je suis disponible et en action. Comme j’ai dit, le coach insiste pour qu’on joue des deux pieds, c’est vraiment la chose sur laquelle je suis concentré depuis 3 semaines. J’aime beaucoup.
« Être prêt pour Toulouse »
Quand on est joueur, quelle importance accorde-t-on aux résultats des matchs amicaux ?
Le résultat n’est pas important parce que nous ne sommes que dans les trois premières semaines de l’avant-saison. Il y a un nouveau coach, une nouvelle manière de jouer : tout demande du temps. Nous faisons de très bonnes choses à l’entraînement et nous continuons à travailler dur, tous les jours. L’objectif, à la fin de ces semaines, c’est d’être prêt pour le premier match de L1 à Toulouse. On doit tous l’avoir en tête.
Toi, justement, comment juges-tu l’équipe sur ces 3 premières sorties ?
C’était très bon d’être sur le terrain, de retrouver la sensation d’un match. On a eu quelques belles périodes. La première mi-temps contre Fulham, par exemple, était top, les joueurs qui l’ont faite ont été top, il ne manquait qu’un but, malgré beaucoup d’occasions. Fulham a marqué, un seul moment peut changer tout un match. Nous travaillons dur les uns pour les autres. Encore une fois, on doit tous être obnubilés par une chose : être prêts le 7 août.
La saison dernière a parfois été terrible et parfois très belle. Comment l’as-tu vécue sur un plan émotionnel ?
Comme chacun, que l’on soit sur le terrain ou dans les tribunes. Ce n’est pas suffisant d’avoir bien joué sur la première partie de saison, puis d’avoir alterné les hauts et les bas. Avant la trêve hivernale, nous avons progressé, et après l'hiver, nous sommes devenus vraiment forts. Nous sommes montés et nous étions 2èmes mais après ça, la saison nous a échappé. C’est très difficile à accepter. Si tu regardes les trois dernières semaines de la saison passée, on a loupé le coche. C’était une bonne saison mais il nous a manqué des choses, la victoire en Coupe de France en premier lieu et d’autres victoires en championnat. On doit à la fois passer à autre chose et apprendre de ces moments.
« Le plus gros chantier ? Rester concentrés tout au long de la saison »
Qu’est-ce que vous devez changer pour aller plus haut ?
C’est une question difficile. Je pense qu’après notre victoire contre le PSG, on s’est dit : « OK, nous sommes déjà là ». Et derrière, on a perdu, perdu, les points se sont envolés. Donc je dirais que le plus gros chantier, c’est de rester concentrés tout au long de la saison. Nous devons apprendre. Et ça, ce sont des moments que tu retiens, des leçons. On apprendra et on fera mieux cette saison.
Au contraire, qu’est-ce que vous devez garder ?
La joie, le plaisir, l’esprit d’équipe. C’est parfois ce qui a fait la différence. D’ailleurs, le dernier match de la saison à Reims est le parfait exemple de cet esprit d’équipe. On était menés (0-2) à la mi-temps et malgré ça, on s’en est sorti. Ce n’était pas notre meilleur match, individuellement ou collectivement, mais même dos au mur, personne n’a lâché. Ça, c’est notre force. Nous sommes une bonne équipe mais surtout, nous n’abandonnons jamais. On doit garder cette force.
La reprise de la L1, les barrages de Coupe d’Europe, les derbys : est-ce qu’il y a une forme de pression avant le mois d’août ?
Aucune pression. On s’est battus toute la saison dernière pour l’Europe, on a la chance de pouvoir y être, alors on ne va pas se plaindre ! Au contraire, tout le monde est très excité à l’idée de jouer ces matchs. Mais encore une fois, pas d’euphorie, nous sommes en préparation, nous avons du temps devant nous pour faire un bon mois d’août. Concentrons-nous sur le travail.
« Je suis très heureux »
Sur un plan personnel, ça fait presque un an pile que tu es arrivé, comment te sens-tu ici ?
Dès le premier moment où je suis arrivé, je me suis senti bien avec les joueurs, le staff, les gens du club. Nous avons une très bonne relation. Les supporters m’ont directement soutenu et montré leur affection. C’est une bonne sensation, j’ai tout de suite senti que je faisais partie de la famille. Je suis juste heureux d’être là et excité par les défis que nous avons devant nous. Ça va être ma deuxième saison, les objectifs sont hauts. C’est motivant.
Ton rôle de cadre semble s’être imposé naturellement…
Je ne sais pas si je suis un joueur important hors du terrain, je suis juste moi-même. Je m’entends bien avec tout le monde et je pense qu’on ne peut donner le meilleur de soi-même que si on se sent bien. Quand tu es « bien dans tes bottes », ça se voit sur le terrain. Dans le vestiaire, on peut tous se parler, il n’y a pas de groupes, à table c’est la même chose, tu peux te retrouver avec n’importe qui et passer un bon moment. Quand je suis arrivé ici, je ne parlais pas français mais je parlais avec les Français du groupe, comme avec ceux qui parlent anglais ou espagnol. Tout se fait naturellement.
Ce que tu dégages sur le terrain (force, hargne) est presque à l’opposé de celui que tu es dans la vie de tous les jours (souriant, gentil, respectueux), comment l’expliques-tu ?
Dans la vie de tous les jours, je suis tranquille, je m’amuse avec tout le monde. Par contre quand je suis le terrain, je suis là pour gagner. C’est dans ma mentalité. Je sais aussi que si je ne me donne pas à 100%, je ne suis pas bon. Je dois être au maximum, je ne triche pas. D’ailleurs on doit tous l’être si on veut faire des belles choses…
J.-M. P / C.D.