Ancien Aiglon
Apam : « J'ai dit à Lloris que j'allais lui mettre un but »
La rencontre entre Rennes et Nice ce dimanche (15h) est celle entre les deux clubs de la vie d’Onyekachi Apam. Débarqué dans les dernières semaines de l’année 2005 à Nice, l’ancien défenseur central y découvre le football européen, convainc, s’impose et se fait adopter par le public du Ray, amoureux de son caractère besogneux. « Joueur très agressif, qui n’aime pas se faire éliminer », comme se décrit lui-même le natif d’Aba au Nigéria, Apam passe quatre saisons dans le Comté, dispute 113 matchs et inscrit un but dans « le club de (son) cœur ». Parti en 2010 chez les autres Rouge et Noir de la Ligue 1, l’axial joue moins, freiné par des blessures qui l’obligeront à renoncer à ses dernières années de professionnel après six mois de galère aux États-Unis. Revenu en août occuper un rôle auprès des jeunes Aiglons, Apam a pris le temps de se raconter.
Apam, tu arrives à Nice en 2005 depuis Enugu au Nigeria. Comment se sont passés tes débuts en France ?
Bien, vraiment bien, même s'ils ont été un peu compliqués. Je ne parlais pas français, et je suis arrivé quand il faisait froid (rires). J'arrive en octobre, donc ce n’était pas facile au niveau de la météo. Mais au-delà de ça, ça s’est bien passé et j’ai été très bien accueilli au club.
Raconte-nous les premiers contacts avec le Gym alors que tu évolues encore au Nigeria.
J'ai disputé la Coupe du monde U20 aux Pays-Bas en 2005 et on a été finalistes contre l’Argentine (victorieuse 2-1 grâce à un doublé de Leo Messi, ndlr). C’est à ce moment-là que l’OGC Nice me repère. D’autres clubs aussi me suivaient et me voulaient, mais j’ai choisi le Gym. C’est un choix que je n’ai pas regretté.
Tu débutes le 29 octobre 2006 face à l’Olympique de Marseille en entrant à la mi-temps…
C'était mon premier match, c'était magnifique. Quand je rentre sur le terrain, le coach (Frédéric Antonetti) me demande si je connais Franck Ribéry, je lui ai répondu que non alors que je le connaissais très bien, il venait de jouer la Coupe du monde (rires). Mais Ribéry ou pas, je voulais juste entrer et jouer. Le coach me dit « tu vas le connaître ». On a gagné ce match (2-1) alors qu’on perdait 1-0 et j’ai mis un bon tacle à Ribéry. C'était bien (rires).
« J'ai dit au coach que j'étais là pour jouer, pas pour regarder ceux qui jouaient »
Onyekachi Apam
Après ce match, tu enchaînes les apparitions avec l’OGC Nice et tu lances vraiment ton aventure en Rouge et Noir.
Au départ ce n’était pas facile, il m’a fallu plusieurs mois pour être titulaire. J’avais vraiment l’envie de jouer. Le coach Antonetti m’a parlé et m’a convoqué dans son bureau, je lui ai dit que j'étais là pour jouer, pas pour regarder ceux qui jouent. Il y a aussi eu des circonstances favorables et j’ai su saisir ma chance. Cédric Varrault a été suspendu donc j’ai joué. Le match suivant même chose, le suivant encore… Entre les suspensions et les blessures, j’ai eu l’occasion de disputer plusieurs matchs de suite. Le coach a vu que j’étais capable et a fait ce choix de me laisser.
Au point de devenir l’un des chouchous du stade du Ray.
Le stade du Ray, c'était magnifique, j’adore les supporters de Nice. Je pense que j’étais l’un des chouchous. Ils aiment ceux qui mouillent le maillot et qui donnent tout, c’est ce que j’ai compris en jouant ici. Ils veulent des gens qui font le maximum pour le club. C’est normal pour moi. Quand tu travailles pour quelqu’un, tu donnes le maximum. Ça s’est très bien passé à Nice.
Au Ray tu inscris d’ailleurs ton seul et unique but avec le Gym. Presque 13 ans après, quel souvenir en gardes-tu ?
Je n’ai mis qu’un seul but avec Nice, donc je m’en souviens très bien. C’était contre Lyon (le 8 février 2020) et Hugo Lloris. On était vraiment proches quand il était à Nice. Avant le match, je l’ai appelé et je lui ai dit que j'allais lui mettre un but. Il m'a parié que je n'allais pas marquer. Finalement, j’ai marqué et c’est pour cela que je suis allé vers lui après le but. Malheureusement on prend rouge, je crois que c’est Cyril Rool (en fait Julien Sablé puis Adeílson, ndlr) et on perd 3-1. Mais marquer contre mon pote, c'était magnifique.
« Ma première année à Nice a été ma meilleure en tant que professionnel. »
Onyekachi Apam
En défense, tu côtoies plusieurs solides défenseurs : Pancho Abardonado, Cyril Rool, Cédric Varrault, Rod Fanni, Cédric Kanté…
Ils m'ont beaucoup aidé. J’étais jeune quand je suis arrivé et ils avaient beaucoup d’expérience. Pancho, Rool, Varrault, Fanni, Kanté... On aimait défendre et on prenait plaisir à le faire. On était comme des chiens. Les voir comme cela, ça te donne envie de défendre. Avec en plus Hugo derrière qui fait des arrêts de malade, tu n’as pas envie de prendre un but, car ils donnent tous le maximum. Ils m’ont vraiment beaucoup aidé et ont participé à mon intégration. L’envie de défendre je l’avais déjà au fond de moi, mais ils m’ont aidé au niveau du placement et de l’intelligence dans le jeu. J’ai beaucoup appris de Kanté avec qui j’ai beaucoup joué. Il était très intelligent et lisait très bien le jeu.
Avec le recul, quels souvenirs gardes-tu de ton aventure niçoise ?
Ma première année à Nice a été ma meilleure en tant que professionnel. On jouait le maintien, mais chaque rencontre était comme une finale. Ça m'a permis de grandir mentalement. C'était difficile, bien sûr. Quand on perd, tu dors mal et je me souviens qu'en décembre on avait 16 points... Je suis parti au Nigeria mais je n'ai pas passé de bonnes vacances. Je ne pensais qu'à ça. Je me disais « ce n'est pas possible que Nice descende en Ligue 2 ». L’enjeu d'aller chercher le maintien te motive. Les deux saisons d’après n’ont pas été faciles non plus, mais elles étaient moins intenses. Quand on a changé de coach lors de ma dernière saison (Didier Ollé-Nicolle a remplacé Frédéric Antonetti), ça a aussi été difficile. Mais on a joué le maintien en se sauvant plus tôt par rapport à la première saison.
Après Nice, tu retrouves le coach Antonetti à Rennes où tu disputes 31 matchs en quatre saisons...
À Rennes, c'est Antonetti qui m'a voulu. J’ai été blessé au moins 18 mois là-bas. 18 mois sans jouer, c'est très long... Je suis finalement revenu, j’ai joué 6 mois, et je me suis blessé de nouveau, c’était difficile. J’ai passé de bons moments à Rennes, ils ont fait le maximum pour moi, pour me soigner mais ça ne se passe pas toujours comme on le souhaite. J’ai ensuite vécu 6 mois aux États-Unis mais j'avais toujours cette douleur. Le doc' m'a dit qu'on allait essayer mais je lui ai dit que je ne me sentais pas en forme et que j'avais très mal. J'ai décidé d'arrêter et de rentrer en France.
Depuis cette année, tu as intégré la préformation de l'OGC Nice et tu travailles auprès des jeunes Aiglons. Comment s'est effectué le rapprochement avec le Club ?
J’ai fait un stage à Nice l’année dernière. Un stage de deux semaines avec Cédric Varrault, Johann Louvel (alors coach de la réserve niçoise, aujourd'hui en charge des U19) et Manu Pires. Après le stage, Manu m’a dit que je pouvais revenir quand je voulais. Je suis revenu après ma formation et j’ai accompagné l’équipe jusqu’à la fin de la saison. Tout s’est très bien passé parce que j’aime coacher et le contact avec les enfants, le fait de transmettre mon expérience. On a discuté et ils m’ont intégré dans le groupe de la préformation. Je suis maintenant entraîneur adjoint des U14 et entraîneur principal spécifique de la défense. Là je me régale (rires). On a de bons jeunes. On n'a pris aucun but sur les cinq derniers matchs et ça me plaît.
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M.S.
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