Interview

P. Vieira : « Le devoir d'aider »

Confiné chez lui comme la moitié des habitants de la planète, l’entraîneur de l’OGC Nice ne fait plus du football sa priorité. Pour la première fois en 43 années d’une vie consacrée au ballon rond. Lorsqu’il décroche son téléphone, ses premiers mots sont pour son interlocuteur, à qui il demande « comment il va, lui et ses proches ». Puis, le ton grave, l’entraîneur niçois raconte comment il traverse cette crise sanitaire venue bouleverser le quotidien de tous.

Coach, avec qui passez-vous cette période ? 
Avec ma femme et mes enfants. Cette crise sanitaire a imposé une pause planétaire. Ça nous permet de prendre un peu plus de recul. Le football nous manque car c’est notre passion, mais il faut relativiser par rapport à ce qu’il se passe actuellement.

Comment s’articulent vos journées ? 
C’est important de garder le contact avec le club, les joueurs, le staff , Julien (Fournier) et le président. Je passe aussi du temps en famille. Comme pour tous les citoyens, c’est la première fois que tout s’arrête.

Est-ce difficile de penser au football lors d’une telle crise ? 
En effet ! Le foot reste vraiment secondaire aujourd’hui. Ce qui compte, c’est de prendre conscience de l’ampleur de cette crise sanitaire et d’être solidaire pour battre ce virus. C’est indécent de parler de football. Je pense à toutes les personnes qui ont perdu un être cher. J’ai aussi une pensée pour tous ceux qui se retrouvent en première ligne, les soignants, caissiers, etc. : ils font un travail exceptionnel. Il faut profiter de cette période pour être reconnaissant du travail et des efforts qu’ils accomplissent pour les autres, car ils donnent plus qu’ils ne reçoivent. Ils ont aussi besoin d’attention et de soutien, moral et financier. Nous avons le devoir d'aider.

Avez-vous des idées ?
Les moyens sont multiples. Des actions sont menées par le Fonds de dotation de l’OGC Nice. Elles profiteront au CHU de Nice, mais aussi aux plus démunis, qui continuent à être dans le besoin. Chacun doit prendre conscience qu’il a un rôle à jouer et faire ce qu’il peut faire à son niveau. Ce n’est que par la solidarité qu’on parviendra à vaincre ce virus. Toi, moi, chaque citoyen aura un rôle à jouer et il faudra qu’il le joue à fond aujourd'hui et demain !

Quels liens conservez-vous avec les joueurs et le staff ? 
On prend d’abord des nouvelles des joueurs et de leurs proches, pour connaître leur état de santé. On s’enquiert ensuite de l'état de chacun sur le plan moral, pour savoir comment ils vivent cette période si particulière. Ensuite, on a bien sûr continué à faire le lien avec le football. Les joueurs disposent d’un programme et je sais qu’ils seront sérieux. On a également préparé des séquences vidéos personnalisées afin de faire progresser les joueurs tactiquement.

Quelles solutions envisagez vous en terme de calendrier  ? 
Aujourd'hui  la question que je me pose n'est pas de savoir quand le foot va reprendre mais comment le pays, voire le monde, va s'en sortir. Mes pensées ne sont pas tournées vers un calendrier de foot ou de sport mais bien vers les victimes et les conséquences sociales et économiques de cette crise. Mais, pour répondre à votre question, je sais que nos dirigeants essaient de résoudre ces équations du mieux possible. Le président a, à ce titre, proposé des recommandations très cohérentes