Témoin

Rok Elsner : « C’était le destin »

C’est assurément l’histoire dans l’histoire. Celle d’un futur adversaire, Luka Elsner, entraîneur d’Amiens. Luka, fils de Marko, monument du club rouge et noir. La rencontre de samedi oblige à une certaine distance par rapport à l’aîné des fils Elsner, qui défiera les Aiglons à 37 ans, pour son premier match sur un banc de L1. Pourtant la distance n’efface rien : ni les sentiments, ni la trace laissée par son nom. Cadet du coach des Picards, Rok n’est pas non plus un inconnu. Champion de France avec les moins de 18 ans du club en 2004 (génération Lloris), le milieu de terrain (33 ans) joue actuellement à Oman, à une distance assez confortable… pour se rapprocher. Et causer simplement, entre membres d’une même famille.

Rok, le Gym joue son premier match de la saison face à Luka, qu’est-ce que ça t’inspire ?
Notre famille est liée au club et à la ville. Je sais la trace que mon père y a laissé. J’y suis resté longtemps, Luka aussi, il a étudié et passé tous ses diplômes ici. Venir ici pour son 1er match sur un banc de L1, c’est le destin. Amiens lui donne la chance de faire ses premiers pas en L1, il est très impliqué et va tout donner pour que le club avance et réussisse, donc le côté sentimental sera mis de côté samedi. Et moi, malheureusement, je ne peux pas être là car j’ai des obligations professionnelles. Je vais devoir rester devant la télé.

Quel lien gardes-tu avec le club ?
Le Gym est quelque chose de spécial pour moi et pour nous. Quand nous habitions ici, nous étions à tous les matchs au Ray, en train de chanter « Nissa la bella » et de pousser. Je sais que mon père a laissé une très belle image au club. Les gens l’aimaient beaucoup, comme ils l’aiment aussi en ex-Yougoslavie. Tu ne peux pas rester insensible à ça. Je garde un grand attachement au Gym, qui est un club magnifique. Je ne peux pas renier l’endroit où j’ai passé toute mon enfance. Mes deux clubs de coeur, ce sont ceux de mon père : l’OGC Nice et l’Etoile Rouge de Belgrade. 

Tu suis toujours l’actualité niçoise, donc ?
Bien sûr ! A l’époque où j’étais jeune, l’équipe se battait pour le maintien. Désormais, on a l’impression qu’une saison sans Coupe d’Europe est un petit échec. Ça veut tout dire. L’OGC Nice s’est beaucoup développé, j’en ressens une vraie fierté. J’ai encore beaucoup d’amis ici, donc je suis ce qui se passe, même si je n’ai pas encore eu l’occasion d’aller à l’Allianz Riviera, car à chaque fois que je suis ici, c’est pendant les trêves ou les vacances.

« On N'oubliera jamais le club »

Le foot et les Elsner...
Comme les gens disent en Slovénie, Luka et moi, nous poursuivons « la dynastie des Elsner ». Mon grand-père (Branko) a fait son chemin comme joueur et entraîneur, il a été sélectionneur de l’Autriche à 2 reprises. On connaît histoire de mon père, un très grand défenseur, international yougoslave et slovène. Disons que Luka et moi, on continue l’histoire de notre famille dans le foot. Sur le terrain, la mienne va s’arrêter dans quelques saisons. Celle de mon frère a commencé sur le banc. Quand on est Elsner, on vit foot jour et nuit. 

Sur le banc, justement, comment est Luka ?
Il est entraîneur depuis son adolescence, même s’il a été joueur en Slovénie (il a arrêté sa carrière pro à 31 ans, à Domzale, ndlr). Il a toujours eu ça en lui. Il lisait beaucoup les livres, notamment ceux écrits par mon grand-père, il savait où il allait et ce qu’il voulait. Au niveau sportif, il s’est développé en Slovénie. Avec du travail et de l’acharnement, il s’est ouvert des portes. En tant que coach, il a commencé à Domzale comme adjoint, quand il avait 31 ans. Puis il est passé n°1. Il en a 37 et il entraîne déjà en L1. Il a tout fait très vite.

Luka Elsner va vivre samedi son 1er match de L1 sur le banc d'Amiens

Quel est ton pronostic pour samedi ?
J’ai envie de voir les 2 côtés satisfaits, donc un bon 2-2, ce serait super pour moi, avec les 2 équipes qui gagnent la 2e journée. Après, j’espère que le Gym va remporter le derby qui arrive assez rapidement et prendre 7 points sur les 3 premières journées. Pour Amiens, 5 points durant la même période, ce serait très positif. 

Un dernier message ?
Si j’en ai un, c’est juste qu’on n’oubliera jamais le club et les supporters. Pour le reste, j’espère juste que ce week-end, dans les têtes, il y aura une pensée pour mon père et un petit hommage à mon frère, car ils aiment vraiment le club, même si Luka sera concentré à fond sur Amiens.

C.D. - Photos IconSport