Interview
Germain : « Des fourmis dans les jambes »
Il est l'un des nouveaux visages de l'OGC Nice cuvée 2015 / 2016. Le dernier arrivant. Attaquant-combattant de 25 ans, Valère Germain - né au football de haut niveau chez le voisin monégasque -, compte désormais grandir sous les couleurs rouge et noir. Posé, réfléchi, le nouvel Aiglon nous a livré ses premières impressions, en étalant au grand jour une immense motivation.
L'arrivée
Valère, quelles sont tes premières sensations sous tes nouvelles couleurs ?
Je suis très content d'être arrivé ici. Je connais déjà pas mal de joueurs, quelques personnes du staff. Je trouve qu'il y a une super ambiance, et j'ai l'impression d'être là depuis deux semaines. Je pense que c'est important qu'il y ait une bonne atmosphère dans un groupe pour passer une bonne saison.
Qui connaissais-tu, à part Papy Mendy et Valentin Eysseric (avec qui il a été formé à Monaco, ndlr) ?
Je connaissais un peu Jérémy Pied, ainsi que les joueurs contre qui j'ai joué plus jeune, en CFA notamment, comme Alexy Bosetti ou Jordan Amavi. Je connaissais aussi Mathieu Bodmer, plus ceux que j'ai l'occasion de croiser de temps en temps, vu qu'on habite plus ou moins à 20 minutes les uns des autres. Je n'arrive pas en terre inconnue.
Ce contexte « familier » était-il important pour ton premier saut hors de ton club formateur ?
Oui. Ça faisait 10 ans que j'étais à Monaco, sans jamais partir. Je pense que Nice était la bonne solution, parce que je n'aurai pas à m'adapter à de nouvelles conditions. Je reste dans mon quotidien d'avant, tout en changeant de club. Au lieu de prendre à droite pour aller à la Turbie, je vais prendre l'autoroute (sourire). C'était important pour moi de ne pas tout bouleverser. Maintenant, j'ai très envie de faire une bonne saison.
Que symbolise pour toi cette arrivée au Gym ?
Mes 4 ou 5 derniers mois ont été compliqués, car je n'ai quasiment plus joué. J'ai envie de redevenir important pour un groupe, de prouver à tout le monde que je peux jouer en L1. Je le sais, j'en suis conscient : maintenant, il faut que je le démontre sur une saison entière, en enchaînant les matches, en marquant des buts, en étant important... Et en devenant plus fort grâce à la confiance du club. C'est ce que je suis venu chercher au Gym. Par ailleurs, je souhaitais arriver tôt dans le mercato, faire la préparation avec tout le monde, et connaître le groupe avant le début du championnat. Là, on se prépare vraiment tous ensemble, on créé de automatismes sur et en dehors du terrain, la situation est idéale.
Quelle image avais-tu du club, toi qui a grandi et éclos à Monaco ?
Même si c'était le derby avec Monaco, j'en ai une belle image. Nice possède un super stade qu'il vient de faire construire, le nouveau centre d'entraînement est également en projet, et sera important dans le développement. C'est un club qui cherche à s'améliorer, avec un super coach et de très bons jeunes. La saison passée, je disais souvent que s'ils recrutaient 2 ou 3 bons joueurs, ça pouvait vraiment faire une équipe encore plus belle. J'espère que cette année, ce sera le cas.
T'es-tu fixé des objectifs précis ?
Avant toute chose, je pense toujours au collectif. Nice a fini 11e lors du dernier exercice, ça a été difficile sur la fin. Je pense que tout le monde a envie de faire une bonne saison et de finir dans les 10 premiers. On va voir l'effectif complet fin août, mais je pense qu'il y a la qualité pour faire beaucoup mieux que l'année dernière. Pourquoi pas se rapprocher des places européennes...
Quels sont tes souvenirs des rencontres Monaco – Nice ?
Que ce soit en pros ou en jeunes, c'est un derby. Quand on les jouait en 17 ans à la Turbie, c'était le seul match où il y avait un peu de monde qui venait nous voir jouer, dont pas mal de supporters niçois. Quand tu es footballeur, tu as envie de connaître des ambiances comme ça. L'année dernière, Nice avait gagné au Louis-II, dans une chaude ambiance. Monaco avait pris sa revanche au retour. J'ai pas mal de souvenirs, et j'espère que cette année, il y aura encore de beaux derbys.
Quel regard portes-tu sur le public niçois ?
C'est un public chaud, qui a envie que les joueurs se bougent sur le terrain, ce qui est compréhensible. Nice est une grande ville, les gens ont envie qu'il y ait une grande équipe. J'espère qu'on sera supportés par tout le monde, parce que je pense qu'avec la qualité de ce groupe, si on arrive à trouver une osmose entre les joueurs, le staff et le public, on peut faire quelque chose de bien. Pour autant, le soutien des fans viendra également avec les résultats, donc à nous de nous bouger pour qu'ils nous suivent.
La situation personnelle
Dans quel état physique te trouves-tu ?
Je me suis très bien préparé avant de reprendre l'entraînement. Je suis allé courir parce que je savais que j'allais faire la reprise à Monaco et être prêté quelque part dans la foulée. La semaine en Principauté s'est bien passée, j'ai disputé deux fois 45 minutes au cours de deux matchs amicaux. Cependant, à Monaco, on court moins qu'à Nice, et je pense que ça va me faire du bien de travailler physiquement. Je me sens prêt, j'ai des fourmis dans les jambes, et j'ai vraiment envie de reprendre les amicaux et le championnat, pour qu'on réussisse une grande saison tous ensemble.
Est-ce que les derniers mois, où tu as moins joué, peuvent avoir une mauvaise influence sur les premières prestations ?
Non, au contraire. Je suis super revanchard par rapport à cette période. Je n'ai qu'une envie : être sur le terrain avec mes coéquipiers, courir partout, faire des passes, marquer des buts... Ressentir les sensations d'un titulaire ou d'un joueur important. Physiquement, je suis bien. Même si je jouais moins, je me suis toujours donné à fond à l'entraînement, en faisant également quelques séances en plus. Du coup, tout va bien, et on a encore un bon mois de préparation avant la reprise, ce qui est encore mieux.
As-tu l'impression d'arriver au Gym avec un statut particulier ?
Non, pour moi, je suis pareil que les autres membres du groupe. Ce n'est pas parce que je viens de Monaco que... (Il marque une pause) Je dois prouver à tout le monde. Il y aura de la concurrence, comme partout. Ce sera au meilleur de jouer. Le coach m'a sans doute fait venir dans cette optique, mais ce sera à moi de prouver que je dois être sur le terrain. Si je suis mauvais, je ne serai pas aligné, et ce sera normal. Il n'y a pas de statut : les choix se feront en fonction de ce qu'il y a de mieux pour l'équipe.
Tu as été très sollicité cet été : qu'est-ce qui a fait pencher la balance du côté niçois ?
Le président (Jean-Pierre Rivère), le directeur général (Julien Fournier) et le coach (Claude Puel) désirent que je vienne depuis un bon moment. J'ai d'ailleurs souvent eu l'occasion de m'entretenir avec M.Rivère au téléphone. Quand tu sais que tout le monde te veut dans le club, que le coach a un bon discours, c'est important. D'ailleurs, je ne l'ai rencontré qu'une fois avant de venir, et ça a suffit.
Justement, quel a été son discours ?
Il a beaucoup pesé dans ma décision. Il m'a dit que la volonté de cette saison, c'était d'avoir une équipe qui joue au ballon, qui repart de derrière, et qui essaie d'étaler une certaine qualité dans le jeu. Je pense que le club a fait et fera son recrutement en fonction de ça. Ce qui est toujours séduisant.
As-tu l'impression de prendre un risque pour ta première expérience hors de ton club formateur ?
Je n'allais pas rester encore deux ans à me morfondre sur le banc. A un moment donné, il fallait partir. Je n'ai pas peur. Au contraire, j'ai hâte de reprendre mon championnat. Rester dans mon quotidien va aussi m'aider à vite m'habituer à Nice. Au final, je ne porterai plus les mêmes couleurs, ne me rendrai plus au même centre d'entraînement, mais mon quotidien ne sera pas bouleversé.
Est-ce plus difficile de s'intégrer à Nice quand on vient de Monaco ?
Le groupe ne me l'a pas du tout fait sentir. Il n'y a aucun problème, et il n'y en aura pas, car je suis quelqu'un de simple. Peut-être que les supporters vont un peu râler au départ, mais ce sera à moi de prouver qu'ils peuvent me faire confiance.
Le poste où tu te sens le plus à l'aise ?
Dans un rôle plus axial, avec quelqu'un devant. Après, s'il faut que j'aille sur un côté pour dépanner, ou que je joue seul devant, il n'y a pas de problème. D'ailleurs, pour dire la vérité, cela fait quatre mois que je ne joue pas, donc s'il faut aller au milieu ou derrière, peu importe, tant que je peux être sur le terrain.
Sens-tu qu'il y a beaucoup d'attentes autour de toi ?
Il doit y en avoir, parce je suis une recrue, et tout le monde attend quelque chose des nouveaux joueurs. Mais je ne vais pas me poser de questions, je vais simplement travailler les semaines qui arrivent pour pouvoir bien démarrer, parce que je pense que le début de championnat est très important pour l'équipe et pour moi.
As-tu hâte de ta première avec ton nouveau maillot, prévue samedi, contre Lausanne ?
J'ai déjà fait deux amicaux cet été, face à Hanovre et au Shakhtar Donetsk, mais Lausanne sera le premier côté niçois. Donc oui, j'ai hâte. C'est l'aboutissement du stage, et tout le monde a envie de bien finir, de trouver des automatismes et de créer de la complicité. Il faudra aussi le gagner pour se mettre en confiance.
C.D.